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Le Parlement ougandais a qualifié "d'affront" une résolution adoptée jeudi par les eurodéputés et épinglant le mégaprojet d'exploitation pétrolière de TotalEnergies en Ouganda et Tanzanie en raison notamment de "violations des droits de l'Homme" envers des opposants au projet.
TotalEnergies a annoncé en février un accord d'investissement de 10 milliards de dollars avec l'Ouganda, la Tanzanie et le géant pétrolier chinois CNOOC pour un mégaprojet pétrolier, comprenant notamment la construction d'un oléoduc de plus de 1.400 kilomètres reliant les gisements du lac Albert, dans l'ouest de l'Ouganda, à la côté tanzanienne.
Dans une résolution non contraignante, le Parlement européen s'est dit "extrêmement préoccupé par les violations des droits de l'Homme" commises dans ces deux pays, citant "arrestations, actes d'intimidation et harcèlement judiciaire contre les défenseurs des droits humains et les organisations non gouvernementales".
"Ce sont des projets qui ont été approuvés par le Parlement de l'Ouganda, le parlement d'un pays souverain et tout ce qui va à son encontre est un affront à l'indépendance de cette chambre et nous ne pouvons pas le prendre à la légère", a vertement réagi jeudi le vice-président du parlement ougandais, Thomas Tayebwa, dans un communiqué.
Estimant que plus de 100.000 personnes risquent d'être déplacées sur le tracé de l'oléoduc, les eurodéputés ont réclamé un "dispositif de compensation adéquat pour les personnes expropriées".
En outre, le Parlement européen demande au groupe TotalEnergies de retarder d'un an le projet afin d'étudier "la faisabilité d'un autre itinéraire permettant de mieux préserver les écosystèmes protégés et sensibles et les ressources en eau de l'Ouganda et de la Tanzanie".
Juliette Renaud, responsable de campagne à l'ONG Les Amis de la Terre France, a estimé que cette résolution envoyait "un signal politique fort contre les projets Tilenga et EACOP de Total, dont les coûts humains, environnementaux et climatiques sont indéniables et tout simplement inacceptables".
TotalEnergies a assuré jeudi qu'il mettait "tout en oeuvre pour en faire un projet exemplaire en termes de transparence, de prospérité partagée, de progrès économique et social, de développement durable, de prise en compte environnementale et de respect des droits humains".
Sous les eaux et sur les rives du lac Albert, barrière naturelle de 160 km séparant l'Ouganda de la République démocratique du Congo, reposent l'équivalent de 6,5 milliards de barils de brut, dont environ 1,4 milliard récupérables dans l'état actuel des découvertes.
Les réserves de l'Ouganda peuvent durer entre 25 et 30 ans avec un pic de production estimé à 230.000 barils par jour.
Le président ougandais Yoweri Museveni, qui dirige l'Ouganda d'une main de fer depuis 1986, a loué par le passé ce projet, citant notamment les retombées économiques pour ce pays enclavé où la majorité de la population vit sous le seuil de pauvreté.