L'Iran poursuit son escalade nucléaire, malgré des « progrès » dans la coopération avec l'AIEA

  • AFP
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L'Iran a nettement accru ces derniers mois son stock d'uranium enrichi, poursuivant son escalade nucléaire, selon l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) qui note cependant des "progrès" dans la coopération.

Dans deux rapports confidentiels consultés mercredi par l'AFP, à quelques jours d'une réunion du Conseil des gouverneurs, l'instance onusienne fait état de plusieurs avancées. Elle a ainsi décidé de clôturer le dossier portant sur la présence de matière nucléaire sur un des trois sites non déclarés, question qui empoisonne de longue date les relations entre les deux parties.

Concernant ce site de Marivan, à proximité de la localité d'Abadeh, (sud), l'AIEA dit avoir reçu des "explications plausibles" de Téhéran. L'organisation internationale "n'a pas de questions supplémentaires" et ce dossier en suspens depuis des années est "considéré comme étant réglé à ce stade". Pour autant, elle s'en tient à ses précédentes évaluations sur le sujet, selon lesquelles l'Iran avait prévu en 2003 d'y entreposer des matières nucléaires pour des essais d'explosifs.

Deux autres sites continuent à poser problème, rappelle l'AIEA : Turquzabad et Varamin.

Autre point abordé, la détection en début d'année de particules d'uranium enrichies à 83,7%, un niveau proche du seuil pour fabriquer une bombe, sur le site de l'usine souterraine de Fordo. L'Iran, qui nie vouloir se doter de l'armer atomique, avait invoqué des "fluctuations involontaires" au cours du processus d'enrichissement et a apporté de nouvelles données.

L'Agence, chargée de vérifier le caractère pacifique du programme nucléaire iranien, "a estimé que les informations fournies n'étaient pas incompatibles avec les explications de l'Iran sur l'origine de ces particules et n'a plus de questions", écrit-elle.

Caméras réinstallées

La République islamique a fortement limité ses échanges avec l'AIEA et débranché des caméras de surveillance l'an dernier, dans un contexte de détérioration des relations entre l'Iran et les puissances occidentales.

De retour d'une visite à Téhéran début mars, le directeur général de l'AIEA Rafael Grossi avait salué la promesse de Téhéran de remettre en route ces appareils.

À l'heure actuelle, "l'Iran a autorisé l'agence à installer des équipements de surveillance" sur trois sites, précisent les rapports.

"Ce processus doit être poursuivi", insiste l'AIEA, qui réclame également un accès aux données enregistrées par ces caméras, y compris pendant les mois d'interruption.

Parallèlement, l'Iran a continué à s'affranchir des engagements pris dans le cadre de l'accord international de 2015, dans la foulée du retrait des Etats-Unis décidé en 2018 par le président Donald Trump.

Ses stocks d'uranium enrichi dépassent désormais de plus de 23 fois la limite autorisée: ils s'élevaient à 4.744,5 kg le 13 mai (contre 3.760,8 kg en octobre), selon le rapport présenté aux Etats membres à quelques jours d'une réunion du Conseil des gouverneurs.

Surtout l'Iran enrichit toujours plus à des niveaux élevés, loin de la limite fixée à 3,67%: il dispose ainsi de 470,9 kg à 20% (contre 434,7 kg auparavant) et de 114,1 kg à 60% (contre 87,5 kg).

Des négociations avaient démarré en avril 2021 à Vienne pour ranimer l'accord connu sous l'acronyme JCPOA, qui limitait les activités atomiques de l'Iran en échange d'une levée des sanctions internationales.

Mais elles sont au point mort depuis l'été 2022, sans signaux positifs de reprise même si Téhéran affirme publiquement être en faveur d'un redémarrage.

Commentaires

Daphné
Il n'y a pas plus fâcheux que le taraudage au nucléaire militaire contre l'Iran . La bonne foi de ce pays est prouvée par le fait qu'il n'a pas quitté le TNP en dépit de l'humiliation produite par le retrait unilatéral du JPCOA par les Etats-Unis de Trump , de toutes les sanctions et mensonges qui n'ont fait qu'attiser la détestation de l'Occident en Iran. Accuser l'Iran d'antisémitisme est faux. La communauté juive d'Iran en particulier de Téhéran est respectée et, même peu nombreuse, ( env. 25000) a un représentant à la chambre des représentants ainsi que d'autres minortés linguistiques ou religieuses. L'Iran a un besoin d'énergie et du nucléaire civil. Se servir de la menace de produire une bombe nucléaire si on ne suspend pas des sanctions injustes est de bonne guerre . D'autant plus que son voisin le plus agrressif, Israël ne fait pas partie du TNP et aurait la bombe sans que personne ne s'en offusque ni qu'on ne s'offusque de l'Iranophobie flagrante des Israéliens. (J'ai lu entre autres commentaires analogues d'une newsletter juive " qu'il faut vitrifier l'Iran!") Le ciblage de l'Iran vient aussi de l'importante diaspora juive qui a un grand poids aux USA même si elle est divisée sur le,sujet. Quant à invoquer le conflit en Ukraine et les bonnes relations russo-iraniennes pour renforcer les pressions et les chantages c'est de la mauvaise foi sachant que tout pays qui n'adhère pas à la politique américaine risque un châtiment . Cet affaires sont bien antérieures mais l'Iran sait maintenant que le respect des traités pour les USA de dure que le temps du mandat des présidents qui les ont signés. Les Russes sont plus loyaux. La France devrait en prendre de la graine et offrir ses services en matière nucléaire civil à l'Iran comme elle l'avait fait du temps du Shah.

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