Les syndicats français de l'énergie pour le nucléaire et l'efficacité énergétique, pas vraiment pour la sobriété

  • AFP
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Dans le secteur de l'énergie, les syndicats affichent leur soutien au nucléaire, mais ils privilégient aussi clairement la voie de l'efficacité énergétique plutôt que la sobriété de la consommation, encore prônée lundi par les experts climat de l'ONU pour faire reculer les émissions de gaz à effet de serre qui réchauffent la planète.

Consommer moins ?

Parmi les quatre grands syndicats de l'énergie représentatifs (CGT, CFE-CGC, CFDT et FO) interrogés par l'AFP, la CFDT semble être la seule à avoir chiffré un objectif de réduction globale de la consommation d'énergie finale à moyen terme : elle estime que celle-ci devra avoir reculé de 26% entre 2015 et 2030, notamment grâce à des actions favorisant la sobriété, c'est-à-dire la modération de la consommation, un concept sur lequel les autres syndicats sont réservés.

En revanche, alors que l'Union européenne prévoit une réduction des émissions de 55% en 2030 par rapport à 1990, la nécessité de produire davantage d'électricité fait consensus parmi les syndicats afin de répondre à l'électrification massive des usages qui s'annonce.

Les renouvelables, à développer mais avec modération

Le développement des énergies renouvelables est diversement considéré d'une centrale syndicale à une autre.

La CFDT affirme clairement que la sortie des énergies fossiles à horizon 2050 passe par "une part plus importante d'énergies renouvelables", alors que la France est en retard sur ses objectifs d'installations éoliennes et solaires.

Chez FO, "on conteste les orientations européennes visant à faire toujours plus d'énergies renouvelables. (...) Il faut des objectifs européens en matière d'énergie bas carbone, ce qui n'est pas du tout la même chose", relève pour l'AFP Jacky Chorin, délégué fédéral FO Mines énergie. Il juge "absurde" que des énergies modulables et intermittentes comme l'éolien et le solaire, "qui ne sont pas moins émettrices que le nucléaire", prennent sa place.

"En tant que syndicat, nous demandons que les choix de politique énergétique soient conduits par des choix de politique industrielle", explique Alexandre Grillat, de la CFE-CGC Energie, alors qu'une filière industrielle française de panneaux solaires peine à voir le jour.

De son côté, la filière nucléaire emploie 220 000 personnes en France.

Le nucléaire au cœur de la transition

Pour les syndicats de l'énergie, le nucléaire est vu comme un pilier de la décarbonation. "Nous, ce qu'on préconise, c'est un mix énergétique équilibré, où le nucléaire doit être la production d'électricité majoritaire", indique Sébastien Menesplier, secrétaire général de la FNME-CGT.

Les syndicats ont salué les propositions d'Emmanuel Macron de construire six nouveaux réacteurs nucléaires de nouvelle génération EPR et de lancer l'étude de huit autres d'ici à 2050. Selon M. Menesplier, cette relance de la filière permettra de limiter les problèmes de rupture de savoir-faire tels que ceux rencontrés dans la construction de l'EPR en chantier à Flamanville (Manche), qui est une sorte de "prototype".

Dans sa feuille de route, la CFDT recommande aussi la construction de huit à dix EPR.

Efficacité plutôt que sobriété

La sobriété énergétique "ne peut être présente d'après nous que sur les mobilités", souligne Christophe Béguinet, conseiller énergie de la CFDT. Outre le recours aux voitures électriques, hybrides ou roulant au biogaz, il envisage que les usagers seront mis à contribution avec "5% de réduction de la mobilité par personne d'ici 2030".

A contrario, le syndicaliste rejette l'idée de se chauffer moins par exemple (bien que l'isolation thermique permette de se chauffer aussi bien avec moins d'énergie, NDLR).

"On a des logements vétustes qui sont de vraies passoires, mais ceux qui y habitent n'ont pas les moyens de rénover demain", remarque M. Menesplier de la CGT. "L'État, les industriels et le service public" devront aider à financer "des chauffages qui ne soient pas des grille-pain mais des chauffages qui puissent chauffer correctement un logement sans fonctionner au max du matin au soir", demande-t-il.

Pour FO, M. Chorin préconise des incitations et des aides, mais pas des obligations, "parce que dès lors qu'on est sur une obligation, on a toujours plus ou moins le syndrome gilets jaunes qui arrive à un moment ou un autre".

Commentaires

Guillaume
Bref, les syndicats n'ont rien compris. Pas étonnant si on suppose qu'ils ne sont remplis que de OK boomers. On peut même dire que leur discours va à l'encontre des intérêts des classes populaires, par exemple s'agissant de leur refus de rénover les logements alors qu'on pourrait très bien imaginer un système avec reste à charge zéro pour les plus modestes.
jean-jacques Attia
Pour M. Guillaume, les syndicats n'ont rien compris. Ce que Rochain confirme avec sa finesse habituelle en les traitant de "bourins". Un qualificatif qui va bien à celui qui ignore comment s'écrit ce mot.
Serge Rochain
m"étonne pas de ces bourins qui se croient le nombril du monde
Schricke
M. Rochain: Je pense qu'il n'y a pas que ces "bourins" qui se croient le nombril du monde !... à moins que vous ne fassiez, vous-même partie des "bourins" ? Qu'en pensez-vous ? (au cas où il vous arriverait encore de penser !...)
studer
Les bourins vous saluent bien. Eux au moins ont compris ce qu'est un mix optimisé, et le danger de sources intermittentes. Et leurs réflexions me semblent empreintes de bon sens : le nucléaire + une réduction de notre consommation par l'efficacité énergétique et non la sobriété, surtout contrainte, est une solution à la fois réaliste et optimale à tous points de vue, que je ne passe pas en revue pour ne pas vous brusquer.
Serge Rochain
Les bourins n'ont pas compris que la sobriété en commençant par isolé les bâtiments on commençait par le bon bout..... je vois que vous faites arti des bourrins, mais c'est votre affaire. Mais vous avez de la chance je reponds encore à vos messages, vous êtes encore un gentil bourin qui ne me prends pas pour un imbecile de façon délibérée comme d'autres ici dont je zappe les messages sans les lire des que je vois leur nom. Moi j'ai commencé par l'isolation avant de vouloir produire plus.
CLAVEL Philippe
Je suis déçu par les réactions à cet article qui sont outrancières et parfois insultantes. Le sujet mérite mieux. Je pense que la contribution des syndicats au débat est d'autant plus utile que leurs porte-parole connaissent bien le secteur de l'énergie et les entreprises dans lesquelles ils travaillent. Il n'est pas anodin que toutes les OS soutiennent le renouvellement du parc nucléaire, considérant justement que le maintien d'une base de production pilotable décarbonée est le meilleur garant d'une transition énergétique réussie. Pour le reste, les avis divergent sur les parts respectives du Nucléaire et des EnR. Enfin, il me semble qu'il est urgent de décarboner les secteurs des transports et surtout du bâtiment.
Schricke
à Clavel: Tout à fait d'accord avec vous ! Les "ayatollahs" des ENRi (Rochain et consorts...) Qui n'ont, eux, toujours pas compris pourquoi le bilan carbone de l'Allemagne, en particulier, est si médiocre par rapport à celui de la France (en dépit de son "retard" supposé en matière justement, d'ENRi) feraient bien de réviser un peu, et de devenir un peu plus factuels et objectifs, au moment où l'Allemagne, prisonnière du Gaz Russe de Poutine (à cause du développement insensé des ENRi, justement !) continue à foncer dans le mur !... A quand la remise en service de Fessenheim ?...
Th.Bretin
Clavel Philippe Vous avez raison les termes sont excessifs, certains intervenants n'ont d'autres solutions pour exposer leurs convictions que d'insulter leurs opposants. Tout ceci ne fait pas avancer le débat et nous prive à coup sûr de nouveaux avis de futurs débatteurs . Moi-même, ancien DS et membre du comité d'entreprise d'une grande société, j'ai pu assister à de nombreuses réunions et ainsi constater à quel point les syndicats majoritaires en capacité de signer des accords étaient phagocyté par les directions. Que leurs opinions n'étaient pas la leur, mais celle des intérêts de ces mêmes directions ! Aussi je comprends parfaitement le thème de cet article. Je ne suis pas surpris que des syndicats (aux ordres) défendent l'idée que la sobriété soit moins importante que la surproduction de consommable ou d'énergie ou que les intérêts de la main qui les nourrit soient supérieurs à l'intérêt général... Par exemple, une direction qui a investi (pour l'instant) 20Mds d'euros dans un EPR à tout intérêt pour justifier une telle production de kWh de s'opposer à toute efficience ou sobriété voir à des concurrents. C'est malheureusement ces raisonnements majoritaires dans les élites dirigeantes depuis 50 ans qui nous conduisent là ou nous en sommes aujourd'hui. Le Giec parle de 3 ans avant les irrémédiables conséquences que nous ne souhaitons pas voir ni entendre (un peu comme les dirigeants européens avec l'invasion de l'Ukraine). Seules les ENR avec beaucoup de sobriété et beaucoup d'efficience pourront permettre à l'humanité de relever le défi. Cela ne va pas faire plaisir aux partisans de l'atome qui dans le meilleur des cas ne pourront rendre leur copie que dans 10 à 15 ans.
CLAVEL Philippe
Bonjour Th. Bretin, Merci pour la tonalité apaisée de vos propos. Il est clair que les salariés d'une entreprise et les OS qui ont vocation à les représenter ont à coeur de défendre leur entreprise et les emplois au sein de cette entreprise. Pour autant, je ne pense pas que l'on puisse dire qu'elles sont "aux ordres". Je suis d'accord avec vous sur la nécessité d'agir sur la consommation au travers de l'efficacité énergétique, voire de mesures de sobriété. Mais cela n'est pas contradictoire avec la hausse de la production d'électricité. si on se réfère à l'étude RTE sur les Futurs énergétiques 2050 dont on a beaucoup parlé depuis l'automne dernier, il apparaît que la consommation globale d'énergie devrait diminuer de 40% d'ici 2050 mais que dans le même temps la production d'électricité devrait passer de 390TWh à 650 voire 750 TWh, tout simplement car on ne devrait plus consommer à cette échéance d'énergie carbonée et que l'électricité devrait représenter 55% de la consommation finale d'énergie (contre 25% aujourd'hui). donc oui, il faudra réduire substantiellement la consommation et augmenter substantiellement la production électrique avec une forte composante d'énergies renouvelables intermittentes mais aussi en complément une base pilotable nucléaire représentant au moins 30% du mix électrique. ceci étant, je suis d'accord avec vous pour dénoncer le désastre industriel de Flamanville 3. J'ose espérer que tous les enseignements seront tirés de cette mésaventure.

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