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Le rythme d'amélioration de l'efficacité énergétique dans le monde a nettement marqué le pas en 2023, a alerté mercredi l'Agence internationale de l'énergie (AIE) dans son rapport annuel sur le sujet, en appelant à redoubler d'efforts à la veille du lancement de la 28e Conférence sur le climat des Nations unies.
Le "taux de progression estimé de l'intensité énergétique" est attendu pour 2023 "à 1,3% contre 2%" en 2022, une contre-performance qui s'explique en partie par une "augmentation de la demande énergétique de 1,7% en 2023, contre 1,3% l'année précédente", indique l'AIE dans son rapport sur ce levier qui permet de consommer moins d'énergie pour un même service rendu.
L'inflation et les taux d'intérêts en hausse "devraient réduire la croissance des investissements" dans l'efficacité énergétique "à seulement 4% en 2023, par rapport à une moyenne de 20% pour les deux années précédentes", marquées par des plans de relance après la pandémie de Covid-19, souligne l'AIE dans son rapport.
Ils s'élèveraient toutefois à "un peu plus de 620 milliards de dollars (environ 569 milliards d'euros) en 2023, soit environ 200 milliards de dollars de plus qu'avant la pandémie", selon le rapport.
L'agence de l'énergie de l'OCDE, créée à Paris après le choc pétrolier de 1973, souligne que ces résultats sont très en deçà de la feuille de route qu'elle avait tracée au printemps dernier, laquelle visait un doublement par rapport à 2022, à 4% de progression par an.
"Si les gouvernements veulent maintenir l'objectif de 1,5 degré celsius (de réchauffement de la planète fixé par les accords de Paris en 2015, NDLR) à portée de main tout en soutenant la sécurité énergétique, il est essentiel de doubler les progrès en matière d'efficacité énergétique au cours de cette décennie", a rappelé Fatih Birol, directeur exécutif de l'AIE, cité dans le rapport.
Cet objectif est indispensable selon l'AIE pour réduire d'un tiers d'ici à 2030 la demande mondiale d'énergie et les émissions de CO2 du secteur, conformément au scénario de neutralité carbone à l'horizon de 2050 destiné à protéger le monde des pires effets du réchauffement.
Le rapport souligne de fortes disparités : ainsi l'Union européenne et les Etats-Unis, par exemple, devraient enregistrer cette année des progressions "robustes" de leur efficacité énergétique, comprises entre 4 et 14%.
Outre la crise énergétique entraînée par la guerre en Ukraine, qui a favorisé des politiques ambitieuses, certains de ces pays ont bénéficié d'un hiver très doux, qui a notamment contribué à faire baisser de plus de 15% la consommation de gaz en Europe.
A l'inverse, les vagues de chaleur historiques de 2023 ont fait exploser la demande de climatiseurs et les émissions afférentes dans des pays comme la Chine.