« Guerre de l'énergie » en Ukraine : le réseau énergétique, l'autre « front »...

  • AFP
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Une "guerre de l'énergie" : alors que les frappes russes sur les infrastructures énergétiques ukrainiennes se sont intensifiées, les alliés de Kiev s'activent pour aider le pays à les réparer avant l'hiver prochain.

Pluie de missile sur les infrastructures stratégiques

Depuis que les troupes russes ont lancé une offensive en mai sur la région de Kharkiv (Est) pour accroître la pression sur l'armée ukrainienne, une pluie de missiles s'abat sur ces infrastructures stratégiques.

Les dommages massifs subis par le réseau étaient au centre des discussions de la Conférence sur la reconstruction de l'Ukraine, qui a réuni mardi et mercredi à Berlin des représentants gouvernementaux et du secteur privé, en présence du Président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Selon M. Zelensky, "la moitié" des capacités de production électrique du pays ont été détruites depuis l'hiver dernier, entraînant des restrictions d'approvisionnement.

« Guerre psychologique »

"Vladimir Poutine perfectionne ses méthodes de destruction des installations énergétiques", a-t-il dénoncé devant les participants.

"C'est une guerre, une guerre de l'énergie", a expliqué à l'AFP Maksym Timchenko, PDG de l'entreprise DTEK, le plus important opérateur énergétique du pays.

Selon la société, il faudrait reconstruire au moins "50%" de la capacité perdue lors des récentes frappes pour permettre à l'Ukraine de passer l'hiver. "Il est extrêmement difficile pour une population de devoir vivre des jours sans lumière et sans chauffage", observe Achim Steiner, le chef du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD).

Ce ciblage des infrastructures énergétiques est "une forme de guerre psychologique", estime M. Steiner. Son organisation a déjà envoyé des centaines de générateurs électriques dans le pays.

L'Union Européenne a annoncé son intention de garantir des prêts d'une valeur de plus d'un milliard d'euros pour rebâtir les infrastructures critiques.

Les attaques russes constantes contre le système énergétique ukrainien sont "une autre ligne de front", s'ajoutant à la confrontation militaire, affirme M. Timchenko.

"Si les frappes détruisent complètement notre infrastructure énergétique, il sera très difficile d'obtenir un quelconque succès" sur le terrain, estime-t-il.

« Gaspillage »

Mais la réparation des infrastructures ne sera pas suffisante, prévient-il.

Les dégâts sont parfois trop importants, même si les énergéticiens ukrainiens bénéficient de l'aide de leurs homologues européens pour se fournir en pièces de rechange.

Et les centrales réparées sont rapidement ré-attaquées. L'une d'entre elles a ainsi "été à nouveau frappée trois semaines (après sa remise en service) et détruite", selon M. Timchenko.

Profitant de la pénurie de systèmes de défense antiaériens et de munitions pour les alimenter, la Russie multiplie les attaques contre le réseau électrique. Les dirigeants ukrainiens demandent donc davantage d'aide militaire aux alliés.

"Tant que nous ne priverons pas la Russie de la possibilité de terroriser l'Ukraine, (Vladimir) Poutine n'aura aucun intérêt réel à rechercher une paix équitable", a déclaré M.Zelensky mardi.

"Toutes ces réparations seront juste un gaspillage d'argent et de temps, si nous ne protégeons pas davantage nos centrales électriques des frappes aériennes," abonde M. Timchenko.

L'idée d'investir dans des infrastructures différentes, notamment sur du renouvelable solaire ou éolien, moins vulnérable aux attaques de missiles, fait aussi son chemin.

Mais la "priorité absolue est de ne pas laisser les gens sans électricité," selon M. Timchenko.

L'opérateur public ukrainien Ukrenergo a annoncé mardi qu'il devait imposer davantage de rationnement de l'électricité aux habitants, en raison des impacts de plus en plus importants des attaques sur le système énergétique.

La sécurité énergétique et la restauration du réseau électrique ukrainien sont l'un des dix points du plan de paix du président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui sera au menu d'un sommet en Suisse les 15-16 juin, auquel la Russie n'a pas été conviée.

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