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Le producteur norvégien d'engrais Yara International a signé lundi un contrat pour acheminer à compter de 2025 une partie du CO2 produit sur une usine néerlandaise vers la Norvège en vue de son stockage dans les fonds marins. Cet accord avec "Northern Lights", projet regroupant les géants pétroliers norvégien Equinor, anglo-néerlandais Shell et français TotalEnergies, débouchera sur "le premier transport et stockage transfrontalier de CO2", note Yara dans un communiqué.
Solution visant à enrayer le réchauffement climatique, la technologie du captage et stockage du CO2 (CCS) consiste à capter les émissions de dioxyde de carbone à la sortie des cheminées d'usine et à séquestrer, après liquéfaction, ce carbone dans des réservoirs géologiques. Dans le cas de Yara, le CO2 proviendra de l'usine d'ammoniac de Sluiskil (sud-ouest des Pays-Bas), qui capte déjà une grande partie de son carbone à des fins industrielles.
Il sera acheminé par bateaux vers Øygarden, le site en cours de construction pour la co-entreprise "Northern Lights" sur la côte norvégienne, puis injecté et séquestré à environ 2 600 mètres sous les fonds de la mer du Nord. "Il s'agit d'un jalon pour la décarbonation des industries difficiles à décarboner en Europe", a souligné le directeur général de Yara, Svein Tore Holsether.
Annoncé en août 2022 mais formellement signé lundi, le contrat entrera en vigueur en 2025 et permettra à partir de 2026 de stocker chaque année jusqu'à 800 000 tonnes de CO2 produites par l'usine Sluiskil. Prêt à commencer ses activités l'an prochain, Northern Lights aura de son côté une capacité d'enfouissement annuelle de 1,5 million de tonnes de CO2, appelée à être portée ultérieurement à 5 millions de tonnes.
Outre Yara, l'énergéticien danois Ørsted et l'allemand Heidelberg devraient envoyer du CO2 généré sur des centrales à biomasse pour l'un et sur une cimenterie norvégienne pour l'autre vers Northern Lights à compter de 2025 ou 2026.
Complexe et coûteuse, la technologie du CCS est soutenue par les experts du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) et de l'Agence internationale de l'énergie, qui la jugent nécessaire pour enrayer la montée du thermomètre.
Certains défenseurs de l'environnement s'inquiètent cependant qu'un tel outil serve de motif à une prolongation de l'exploitation des énergies fossiles, détourne de précieux investissements des énergies renouvelables ou présente encore des risques de fuite. Plusieurs dizaines de projets de CCS existent à travers le monde.