Le patron de Shell s'en va, laissant derrière lui une montagne de profits

  • Connaissance des Énergies avec AFP
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Le directeur général de Shell, le Néerlandais Ben van Beurden, quittera ses fonctions fin 2022, laissant derrière lui une entreprise en pleine transition énergétique et assise sur des montagnes de bénéfices grâce à la flambée des hydrocarbures.

Il sera remplacé par le Canadien Wael Sawan, 48 ans, qui était jusqu'à présent directeur des systèmes intégrés en gaz et renouvelables, et les commentateurs estiment que cette nomination montre que le groupe veut monter en puissance sur la transition énergétique.

M. Sawan avait été auparavant directeur des activités d'exploration et production, et siégeait au comité exécutif du groupe depuis trois ans.

M. van Beurden, âgé de 64 ans, gardera un rôle de conseiller du conseil d'administration jusqu'en juin puis quittera le groupe, indique Shell dans un communiqué jeudi.

Le président du conseil d'administration, Andrew Mackenzie, a salué l'"extraordinaire carrière de 39 ans" de M. van Beurden chez Shell, "qui a culminé avec 9 années en tant qu'exceptionnel directeur général".

Il a souligné que le dirigeant "laisse derrière lui une entreprise rentable et solide avec un bilan robuste, des capacités de création de liquidité très fortes, et des options de croissance prometteuses".

Le groupe n'a pas précisé si M. van Beurden partira en retraite ou prendra un poste dans une nouvelle entreprise.

Le dirigeant a piloté le groupe pendant la pandémie quand les cours des hydrocarbures s'étaient effondrés.

Ils ont spectaculairement rebondi avec la reprise économique post-confinements liés au Covid-19, et depuis l'invasion russe de l'Ukraine, qui perturbe l'approvisionnement mondial.

- Signal clair -

Shell a publié fin juillet un bénéfice net de 18 milliards de dollars pour le deuxième trimestre, grâce à l'envolée des prix du pétrole et gaz, des profits tels qu'ils ont fait polémique en pleine crise du coût de la vie et flambée des factures énergétiques.

Vu leurs "super-profits", les géants des hydrocarbures britanniques s'étaient vu imposer une taxe spéciale sur les bénéfices par Londres, mais la nouvelle Première ministre Liz Truss, qui a travaillé pour Shell plusieurs années avant son entrée en politique, a prévu d'y mettre un terme.

Le géant pétrolier et gazier est régulièrement critiqué pour son impact sur l'environnement, et son assemblée générale en mai a notamment été largement chahutée par des militants écologistes.

En mai, une consultante de Shell avait démissionné avec fracas, accusant le géant pétrolier britannique d'"échouer complètement dans (son) ambition de transition".

Un investisseur institutionnel, Royal London Asset Management, avait aussi critiqué le plan de transition climat de Shell.

L'entreprise a par ailleurs fait appel de la décision d'un tribunal néerlandais qui lui avait ordonné de réduire ses émissions de CO2 dans une affaire retentissante lancée par un collectif d'ONG.

Mené par M. van Beurden, Shell avait fait l'acquisition jugée réussie en 2016 du groupe britannique BG pour 47 milliards de livres, ce qui lui a permis de se développer largement dans le gaz, et de bénéficier depuis de l'envolée du prix de cette énergie, notamment depuis la guerre en Ukraine.

L'action prenait 0,19% à 2345,50 pence vers 10H00 GMT à la Bourse de Londres. "Elle a retrouvé son niveau pré-pandémie", et c'est un "bon moment pour passer le relai", estime Russ Mould, analyste de AJ Bell.

En décembre, les actionnaires du géant des hydrocarbures avaient voté massivement en faveur du transfert du siège social des Pays-Bas vers le Royaume-Uni et du retrait de "Royal Dutch" du nom du groupe, né au début du XXe siècle de la fusion entre la britannique Shell et la néerlandaise Royal Dutch.

Pour Victoria Scholar, analyste de Interactive Investors, il n'est pas étonnant que M. Sawan, en charge notamment des renouvelables jusqu'à présent, ait décroché le poste de directeur général, vu la transition énergétique en cours dans le groupe.

"Pour un groupe dont la stratégie sur les renouvelables est assez vague, c'est un signal clair que Shell veut changer cela", même si "cela ne se fera pas en un jour", renchérit Sophia Lund-Yates, analyste de Hargreaves Lansdwon.

Shell entre dans "une nouvelle ère", note Neil Wilson, analyste de Markets.com, soulignant que la guerre en Ukraine a fait revenir au premier rang des priorités la sécurité énergétique, et donc le forage pétrolier et gazier.

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