- Connaissance des Énergies avec AFP
- parue le
Le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) rencontre jeudi à Téhéran son homologue iranien, au moment où l'Iran multiplie les initiatives diplomatiques avant des pourparlers cruciaux sur le nucléaire samedi avec les Etats-Unis.
L'AIEA, le gendarme onusien du nucléaire basé à Vienne, est chargée de vérifier le caractère pacifique du programme nucléaire de l'Iran.
Les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, et Israël soupçonnent de longue date l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire. Téhéran rejette ces allégations et défend un droit au nucléaire à des fins civiles, notamment pour l'énergie.
Le directeur général de l'AIEA, Rafael Grossi, s'est entretenu avec son homologue iranien Mohammad Eslami de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA), selon l'agence de presse officielle Irna, sans donner de détails dans l'immédiat.
Cette visite en Iran ouvre "un chapitre sensible de la diplomatie iranienne", titre jeudi le quotidien réformateur Shargh.
M. Grossi a affirmé que l'Iran n'était "pas loin" de disposer de la bombe atomique, dans un entretien au journal Le Monde publié mercredi.
"Il reste du chemin à parcourir avant d'y parvenir. Mais ils n'en sont pas loin, il faut le reconnaître", a-t-il ajouté.
- "Ligne rouge" -
Arrivé mercredi à Téhéran, Rafael Grossi s'est entretenu avec le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi.
M. Araghchi, qui mène côté iranien les négociations sur le nucléaire, a salué jeudi sur le réseau social X une "discussion utile" avec M. Grossi. "Dans les prochains mois, l'Agence peut jouer un rôle crucial dans le règlement pacifique du dossier nucléaire iranien", a-t-il souligné.
Le négociateur américain Steve Witkoff a affirmé mardi que l'Iran devait "stopper son programme d'enrichissement et de militarisation nucléaires, et l'éliminer".
M. Witkoff, qui s'était abstenu lundi de réclamer un démantèlement total du programme nucléaire iranien, avait plaidé pour une limitation des capacités d'enrichissement d'uranium de l'Iran.
Téhéran considère comme une "ligne rouge" l'arrêt de toutes ses activités nucléaires, y compris civiles.
Iran et Etats-Unis, ennemis depuis la Révolution islamique de 1979, ont entamé des pourparlers samedi dernier sous la médiation d'Oman.
Ils sont convenus de poursuivre les discussions samedi. D'abord annoncées à Rome, puis confirmées par l'Iran à Oman, elles se tiendront finalement bien en Italie, a annoncé Téhéran après un nouveau revirement mercredi.
- Menace militaire -
Avant ces pourparlers, le chef de la diplomatie iranienne est jeudi à Moscou pour évoquer le nucléaire.
Il transmettra au président russe, Vladimir Poutine, un message écrit du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei.
"Nos échanges réguliers avec la Russie et la Chine nous permettent d'aligner nos positions", a déclaré à son arrivée en Russie M. Araghchi, selon des images de la télévision d'Etat iranienne.
La Russie est l'un des pays signataires de l'accord international sur le nucléaire conclu avec l'Iran en 2015, mais devenu caduc à la suite de la décision des Etats-Unis de s'en retirer en 2018.
Trois autres membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU -- France, Royaume-Uni et Chine -- plus l'Allemagne et l'Union européenne sont également signataires de l'accord.
Le texte prévoit la levée de sanctions internationales visant l'Iran en échange d'un encadrement de son programme nucléaire par l'AIEA.
Selon cette instance, l'Iran respectait ses engagements jusqu'au retrait décidé en 2018 par Donald Trump et le rétablissement des sanctions américaines.
Depuis son retour à la Maison Blanche en janvier dernier, M. Trump appelle l'Iran à négocier un nouveau texte mais menace de bombarder le pays en cas d'échec de la diplomatie.
Le quotidien New York Times affirme jeudi que le président américain a dissuadé Israël de frapper des sites nucléaires en Iran, afin de privilégier la diplomatie.
L'Iran est le seul Etat non doté d'armes nucléaires à enrichir de l'uranium à un niveau élevé (60%), proche des 90% nécessaires à la fabrication de l'arme atomique, tout en continuant à accumuler d'importants stocks de matière fissile, selon l'AIEA.
L'accord sur le nucléaire de 2015 plafonnait ce taux à 3,67%.
sbr-rkh/bfi