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Des "torrents" d'argent doivent substituer d'urgence le "goutte-à-goutte" pour financer la transition écologique mondiale, a déclaré vendredi le chef de l'ONU Climat depuis Bakou, où se tiendra la COP29 en décembre.
"Pour réduire les émissions comme pour renforcer la résilience climatique, (...) le financement est le facteur qui déterminera le succès ou l'échec de la lutte climatique mondiale", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), lors d'une allocution à l'université ADA en Azerbaïdjan.
A la COP28 de Dubaï, le monde est convenu de "transitionner hors" des énergies fossiles et de tripler la capacité des renouvelables d'ici 2030, mais l'accord ne contenait pas d'avancées sur le déblocage des flux financiers vers les pays en développement, point de friction majeur des négociations climatiques mondiales.
"Sans un financement beaucoup plus important, les victoires climatiques de 2023 se transformeront rapidement en nouvelles promesses vides", a déclaré M. Stiell.
Les pays en développement, sans compter la Chine, ont un besoin annuel de "2.400 milliards de dollars, si ce n'est plus" d'ici à 2030 pour atteindre leurs objectifs climatiques et de développement, a-t-il rappelé.
Mais plusieurs obstacles se cumulent parfois pour eux: endettement, inflation, manque de confiance des investisseurs ou catastrophes climatiques.
Le financement de cette transition écologique s'annonce comme l'un des thèmes principaux des négociations climatiques en 2024 et lors des réunions de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international.
2024 est l'année où les banques multilatérales de développement doivent prendre des "mesures concrètes", a réclamé Simon Stiell, afin de doubler ou tripler leurs investissements d'ici 2030.
"Nous avons besoin de torrents de finance climatique - et non de goutte-à-goutte", a résumé l'ancien ministre de la résilience climatique et de l'environnement de la Grenade.
Il faut fournir un "effort olympique" pour remettre le monde sur la trajectoire, a reconnu M. Stiell, alors que la plupart des pays échouent à tenir leurs objectifs actuels de décarbonation, déjà insuffisants pour espérer limiter le réchauffement climatique à 1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle.
Les pays doivent définir d'ici la COP30, au Brésil en 2025, une révision ambitieuse de leurs objectifs de réduction d'émissions nationales à atteindre pour 2035.
Dans un climat déjà réchauffé de 1,2°C environ, l'année 2023 a été la plus chaude jamais mesurée et 2024 pourrait la dépasser.
Les émissions de gaz à effet de serre doivent chuter de 43% d'ici 2030 par rapport à 2019 pour espérer tenir la limite de 1,5°C, fixée par l'accord de Paris, selon le Giec. Malgré des progrès, les émissions mondiales n'ont pas encore commencé à baisser durablement.