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Les compagnies pétrolières d'Etat, qui contrôlent la moitié du pétrole et du gaz dans le monde, ignorent pour la plupart le risque associé à la transition énergétique sur leurs activités souvent cruciales à l'économie locale, selon un rapport du Natural Resource governance institute (NRGI) publié mardi à deux jours de la COP28.
"Bien que la transition énergétique présente d'importantes opportunités environnementales et économiques à l'échelle mondiale et nationale, elle entraîne également des défis importants, en particulier pour les compagnies et pays producteurs de combustibles", souligne ce rapport.
La conférence climatique à Dubaï qui a pour président Sultan Al Jaber, le PDG de la compagnie nationale emiratie Adnoc, devrait faire parler de ces compagnies, les NOC pour "national oil company" qui ont la particularité d'être détenues majoritairement ou entièrement par des Etats.
Dominantes sur le marché, elles contrôlent plus de la moitié de la production mondiale de gaz et de pétrole, et beaucoup restent très dépendantes de la rente pétro-gazière.
Elles sont de fait très exposées à la transition énergétique qui vise à réduire l'empreinte environnementale de la production et consommation d'énergie, en les rendant notamment moins dépendantes des énergies fossiles.
Le think tank Natural Resource governance institute (NRGI) a analysé les déclarations publiques de 21 compagnies nationales de toutes tailles, couvrant 16% de la production mondiale de pétrole. Il en a conclu que "trop peu en font très peu".
"Seules 9 compagnies analysées sur 21 reconnaissent le risque de la transition énergétique, 4 ont mentionné le recours à des évaluations des risques de transition et 5 ont explicitement mentionné des stratégies pour atténuer le risque", écrivent les auteurs du rapport Andrea Furnaro, analyste politique, et David Manley, analyse économique principal au NRGI.
Parmi les 5 compagnies qui ont explicitement communiqué sur des stratégies d'adaptation figurent la compagnie chinoise CNOOC, la Malaisienne Petronas ou la Colombienne Ecopetrol.
"Bien que le motif environnemental pour lequel les NOC cèdent des actifs liés à l'extraction de combustibles fossiles soit clair, du point de vue économique de ces compagnies et de leurs gouvernements, un désinvestissement complet n'est pas une solution évidente", selon le rapport.
Selon le think tank, au moins six compagnies prévoient même d'augmenter leurs investissements pétroliers et gaziers pour sécuriser leurs approvisionnements en énergie.
Le désinvestissement des énergies fossiles "permet aux gouvernements de diversifier leurs économies et de s'adapter au changement climatique, mais si la demande de pétrole persiste, les investissements des NOC pourraient rapporter des sommes importantes à leurs pays", préviennent les auteurs.