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Le monde a rendez-vous à Bakou la semaine prochaine pour une COP29 consacrée à la finance climatique mais qui pourrait être percutée par le résultat des élections américaines, en cas de retour au pouvoir de Donald Trump.
La conférence annuelle de l'ONU sur le climat (11-22 novembre) doit se conclure par un nouvel objectif d'aide financière aux pays en développement, afin qu'ils puissent réduire leurs rejets de gaz à effet de serre et s'adapter au changement climatique. Ce nouvel objectif remplacera celui de 100 milliards par an fixé en 2009, et péniblement atteint en 2022 seulement.
Mais cette question de la finance Nord-Sud est précisément celle qui a empêché la COP16 sur la biodiversité d'arriver à un accord ce week-end, renforçant les inquiétudes sur les chances d'aboutir de cette COP29.
Les discussions seront d'autant plus tendues qu'elles auront lieu dans un contexte géopolitique bousculé par les conflits au Proche-Orient et en Ukraine, les guerres commerciales entre l'Occident et la Chine, et sur fond d'austérité budgétaire dans de nombreux pays développés.
A quoi s'ajoute le résultat de l'élection présidentielle de mardi. Donald Trump avait retiré les Etats-Unis de l'accord de Paris peu avant la fin de son mandat et a promis de recommencer.
Le deuxième pays émetteur de gaz à effet de serre actuel est loin d'être le plus important fournisseur d'aide bilatérale pour le climat mais il joue un rôle majeur dans les pourparlers.
A Bakou, des dizaines de chefs d'Etat et de gouvernement sont attendus les 12 et 13 novembre. Ce sera la première réunion diplomatique de cette ampleur après l'élection.
- "Moment de crise" -
"Si Trump est réélu, et si le résultat des élections est clair au début de la COP, alors il y aura en quelque sorte un moment de crise", prévient Li Shuo, de l'Asia Society Policy Institute.
Toutefois, certains pays - dont la Chine - se préparent déjà à envoyer un "message clair" pour continuer la coopération sur le climat, selon lui.
Pékin "espère que les Etats-Unis pourront continuer à maintenir la stabilité et la cohérence de leurs politiques dans le domaine climatique", a d'ailleurs déclaré un responsable chinois vendredi.
Certaines nations sont elles attentistes, souhaitant connaître le résultat des élections avant de finaliser leurs engagements de long terme.
Mais pour les nations les plus vulnérables au changement climatique, peu importe le vainqueur, "le multilatéralisme est impératif".
"Nos îles sont en première ligne mais nous savons qu'aucun pays, petit ou grand, n'est à l'abri des conséquences météorologiques de plus en plus graves et sans précédent" liées au changement climatique, souligne le diplomate samoan Pa'olelei Luteru, président de l'Alliance des petits États insulaires (AOSIS).
L'accord de Paris de 2015 vise à contenir le réchauffement bien en-dessous de 2°C et à poursuivre les efforts pour le limiter à 1,5°C, par rapport à 1850-1900.
Avec près de 1,3°C de réchauffement, le monde connaît déjà une série d'évènements extrêmes cette année qui sera vraisemblablement la plus chaude jamais enregistrée: inondations, canicules, sécheresses...
Or l'ONU Environnement a calculé que les promesses actuelles nous mènent vers un réchauffement de 2,6°C à 2,8°C d'ici 2100.
"Les décisions qui seront prises à Bakou pourraient affecter en profondeur les trajectoires climatiques et la capacité à respecter la limite de 1,5°C", juge Cosima Cassel, du groupe de réflexion E3G.
- Bras de fer financier -
Pour Rachel Cleetus, du groupe de scientifiques américains "Union of Concerned Scientists", les négociations à Bakou devraient viser un financement de 1.000 milliards de dollars annuels.
Mais qui paiera et combien? Les pays riches, qui paient actuellement, voudraient élargir la base des contributeurs à la Chine ou aux pays du Golfe.
"Ce n'est pas de la charité", insiste Rachel Cleetus auprès de l'AFP. "Les pays doivent mettre en oeuvre ces investissements tout de suite ou bien on devra payer une addition salée dans le futur en coûts liés aux désastres et aux pollutions. On est à la croisée des chemins".
L'enjeu est d'autant plus important que les pays du monde entier doivent déposer à l'ONU leurs nouveaux engagements climatiques avant la COP30 l'an prochain au Brésil.
Mais ce n'est pas forcément dans l'enceinte de l'ONU que les progrès sont les plus évidents, note Li Shuo. "Il faut plutôt regarder du côté de l'économie verte et qui gagne la course pour l'énergie solaire, l'éolien, les véhicules électriques ou le stockage d'énergie", souligne-t-il.