- AFP
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La nuit est tombée mardi à Dubaï avec l'attente d'un nouveau projet d'accord par la présidence émiratie, désireuse de parvenir à un consensus sur les énergies fossiles, défendues ardemment par l'Arabie saoudite et ses alliés exportateurs de pétrole.
Selon une source proche de la présidence de la COP28, un nouveau texte pourrait être publié dès mardi soir. Mais les délégués des pays restent très prudents tant que l'ONU n'aura pas publié officiellement de nouveau texte, les négociations continuant de nuit à Dubaï.
Dans la soirée, les représentants de plusieurs groupes de pays reconnus par l'ONU Climat se succédaient dans les bureaux du président émirati de la conférence, Sultan Al Jaber, selon deux sources à l'AFP.
Quand prévoir le dénouement?
"Peut-être ce soir, peut-être tôt demain matin", a répondu John Kerry, l'émissaire américain, en arrivant. "Mais on progresse".
Quelle sera la bonne formule permettant un compromis historique sur les énergies fossiles, dont la combustion est largement responsable du réchauffement de la planète?
- "Super-majorité" -
L'Union européenne, les Etats insulaires, des Caraïbes et plusieurs d'Amérique latine veulent un signal fort pour engager la sortie du pétrole, du gaz et du charbon. Ils sont désormais 130 pays, dont le Brésil et les Etats-Unis, à faire front pour un accord plus ambitieux, véritablement efficace pour ralentir le réchauffement mondial, selon une source européenne.
De l'autre côté, l'Arabie saoudite, le Koweït ou encore l'Irak sont sur une ligne dure, refusant tout accord s'attaquant aux énergies fossiles qui font leur richesse.
Dans la première version du projet d'accord proposée lundi par le président de la COP28, Sultan Al Jaber, les pays auraient gardé toute latitude pour choisir leur manière de "réduire" des énergies fossiles, sans obligation.
Il n'aurait plus fixé aucun objectif commun de "sortie" des énergies fossiles, pourtant envisagée dans les versions antérieures.
Le commissaire européen au Climat, Wopke Hoekstra, a évoqué une "super-majorité" de pays réclamant plus d'ambition, sur les 194 pays (et l'UE) ayant ratifié l'accord de Paris de 2015.
- "Pas marié à un mot" -
"Si les dirigeants ne parviennent pas à s'attaquer à la cause profonde de la crise climatique après 28 ans de conférences sur le climat, non seulement ils nous font défaut, mais ils nous font perdre confiance dans l'ensemble du processus de la COP", a réagi la militante ougandaise Vanessa Nakate.
Comment lever l'objection des pays du Golfe, toute décision à la COP se faisant par consensus ?
Depuis une conférence à Doha, le ministre koweïtien du Pétrole, Saad al-Barrak, a dénoncé une "attaque agressive" de la part des Occidentaux. Son homologue irakien, Hayan Abdel-Ghani, juge lui que "les énergies fossiles resteront la principale source d'énergie dans le monde".
Certains des pays les plus favorables à une "sortie" du pétrole ont pour leur part signalé qu'ils étaient prêts à sacrifier ce mot, en échange d'engagements significatifs.
"Je ne suis pas marié à un mot mais j'insiste sur le fait que la signification de cette formulation, quelle qu'elle soit finalement, doit être extrêmement ambitieuse", a dit mardi le ministre danois du Climat Dan Jørgensen.
- "Nous ne combattons pas la Chine" -
Le Canadien Steven Guilbeault a évoqué aussi dans la nuit "d'autres formulations qui ont été proposées qu'on serait très intéressés à regarder".
Une formulation figurant dans des ébauches de textes précédents rapprochait par exemple dans la même phrase le développement des renouvelables et le remplacement des fossiles.
Une tournure faisant écho à une déclaration conjointe en novembre entre Chine et Etats-Unis, les deux premiers émetteurs mondiaux.
La Chine n'a pas fait de commentaire officiel depuis la parution du dernier texte lundi soir mais elle n'est pas considérée comme un obstacle sur la voie d'un compromis.
"Je ne dirais pas que la Chine combat avec nous mais nous ne combattons pas la Chine", résume un négociateur occidental.