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Le gaz liquéfié (GNL), dans lequel TotalEnergies notamment investit beaucoup, a aussi un impact sur le réchauffement climatique, pouvant même parfois "saper le bénéfice d'une conversion du charbon vers le gaz", a mis en garde lundi la climatologue Valérie Masson-Delmotte, interrogée au Sénat.
Avec sa trajectoire d'investissements annoncée, les émissions de gaz à effet de serre de TotalEnergies pour la catégorie "scope 3" (émissions liées à l'usage de ses produits par les consommateurs) devraient être "constantes en 2015-2030", a-t-elle relevé, devant une commission sénatoriale chargée de travailler sur la cohérence entre l'action de TotalEnergies et les engagements climatiques de la France. TotalEnergies vise moins de 400 millions de tonnes équivalent CO2 en 2030, à peine moins que les 410 millions de tonnes en 2015.
"Pour moi c'est ça le point de vigilance: avec des investissements verts, de l'électricité bas carbone, la planification d'une moindre commercialisation de pétrole et une forte hausse des investissements dans le secteur du GNL, au final, cela n'implique pas de baisse des émissions Scope 3" de TotalEnergies, a-t-elle souligné.
Or le GNL a "une particularité, c'est qu'il est moins efficace énergétiquement, par le besoin de liquéfaction, de transport... Donc là, les enjeux c'est d'obtenir une information fiable sur l'empreinte nette", a expliqué la scientifique.
Par ailleurs, sur "tout ce qui est associé à une hausse de commercialisation de gaz, quel qu'il soit (sous forme gazeuse ou liquide, NDLR), l'enjeu ce sont également les émissions fugitives de méthane: le méthane, gaz à effet de serre puissant, va avoir, selon le taux de fuites, que ce soit à la production mais aussi à la distribution dans des réseaux de gaz mal entretenus ou vétustes, une pénalité climat qui peut être extrêmement importante et saper le bénéfice d'une conversion du charbon vers le gaz. Donc cet aspect-là, il est critique," a-t-elle dit.
Par ailleurs, TotalEnergies "est un groupe qui rapporte peu de risques liés au changement climatique pour ses propres activités. Mais en réalité, les risques physiques d'un climat qui change, ce n'est pas pour les infrastructures de TotalEnergies à court terme, c'est des risques de pertes et de dommages" croissants à l'échelle du monde, porteurs aussi de risques juridiques pour une telle entreprise et ses investisseurs, a relevé l'ex-coprésidente d'un des trois groupes du Giec.
Enfin, "le pari sur une capacité à déployer du captage et stockage (de carbone, pour compenser les émissions, NDLR) a été très souvent mis en avant par les acteurs des énergies fossiles. La réalité n'est pas du tout à la hauteur de cet affichage. Donc c'est une forme de greenwashing, finalement, ou du technowashing".
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