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La centrale de Saint-Avold (Moselle) fonctionnera de nouveau au charbon l'hiver prochain en attendant que l'État se positionne sur une solution de conversion à la biomasse ou au gaz, ont indiqué jeudi les dirigeants de GazelEnergie, son propriétaire.
Une fermeture initialement prévue en mars 2022
Avec Cordemais (Loire-Atlantique), Saint-Avold est la dernière centrale à charbon de l'Hexagone. Grosse émettrice de CO2, elle devait fermer en mars 2022, mais entre guerre en Ukraine et déboires du parc nucléaire, elle a repris du service et assure un rôle de sécurisation de l'approvisionnement en hiver, notamment lors des pics de consommation.
"La règlementation actuelle nous empêche de tourner plus de 700 heures par an, mais l'année dernière on a tourné un peu moins de 200 heures", a précisé lors d'une conférence de presse Camille Jaffrelo, directrice de la communication de GazelEnergie. "On va faire la saison prochaine, d'ailleurs on a prolongé les contrats de travail de nos collaborateurs qui sont pour la moitié d'entre eux en CDD, jusqu'à fin avril 2025."
Pour la suite, l'incertitude est de mise, ce qui ne manque pas d'inquiéter les 120 salariés et 150 sous-traitants sur place.
"Evidemment, le contexte politique inquiète beaucoup d'ouvriers et beaucoup d'entreprises, en attente d'un certain nombre de positionnements", a repris Mme Jaffrelo. "Sur un engagement du président de la République qui était celui de la fermeture des centrales à charbon, on a quelque peu souffert ces dernières années d'un manque de continuité politique d'un ministre à l'autre et on a aujourd'hui besoin d'une vision extrêmement claire sur l'avenir du site."
3 projets de conversion encore sur la table
Emmanuel Macron avait annoncé en septembre dernier la conversion des installations de Saint-Avold à la biomasse d'ici à 2027.
Toutefois, trois projets sont encore sur la table, pour lesquels aucune décision ferme n'a été arrêtée. Le premier prévoit un passage à la biomasse, pour une capacité de 550 MW et un investissement d'environ 100 millions d'euros.
Le deuxième consisterait en la construction d'une nouvelle centrale au gaz, un investissement beaucoup plus lourd estimé entre 0,5 et 1,2 milliard d'euros, pour une capacité de 900 MW.
Enfin, le troisième prévoit une conversion au gaz des installations existantes, un investissement de 110 millions d'euros pour une capacité de 540 MW.
"Ce qu'on a demandé à l'État c'est un signal clair avant la fin de l'année", pour savoir quelle solution sera privilégiée, a ajouté Mme Jaffrelo. GazelEnergie développe en parallèle un projet de production d'hydrogène sur le site, qui devrait être mis en service en 2027. Celui-ci prévoit un investissement de 780 millions d'euros pour 200 emplois directs et une production de 56.000 tonnes d'hydrogène par an à l'horizon 2030.
Dans un premier temps, l'hydrogène produit à Saint-Avold devrait alimenter l'aciériste allemand Saarstahl Hoolding Saar (SHS), situé à quelques dizaines de kilomètres, de l'autre côté de la frontière.
L'utilisation de l'hydrogène produit à Saint-Avold permettra d'économiser jusqu'à 448 000 tonnes d'émissions de CO2 par an, selon GazelEnergie, soit l'équivalent des rejets d'une ville de 50 000 habitants.