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La centrale électrique à charbon de Provence située à Gardanne (Bouches-du-Rhône) devrait fermer de manière anticipée avant la date limite de 2022 fixée par le gouvernement, a-t-on appris mercredi de source proche du dossier.
Le direction de Gazel Energie, filiale du groupe EPH détenu par l'homme d'affaires tchèque Daniel Kretinsky, est "dans une logique de fermeture anticipée de l'unité charbon de Provence", a indiqué à l'AFP cette source, confirmant partiellement des informations du journal Les Echos.
Ce dernier précise dans son édition de mercredi que l'unité charbon de Gardanne, dont l'activité est très perturbée par un long conflit social, devrait fermer "dès fin 2020".
Gazel est en revanche "dans une volonté d'aller le plus loin possible, tel que le permettra la loi, pour l'unité charbon Emile Huchet", située à Saint-Avold (Moselle) en Lorraine, a poursuivi la source proche du dossier. Cette unité pourrait ainsi fonctionner jusqu'à "la fin du premier trimestre 2022".
La France veut fermer ses quatre dernières centrales à charbon d'ici 2022, une promesse du président de la République Emmanuel Macron qui a été inscrite dans la récente loi énergie et climat. Cette façon de produire de l'électricité est en effet très polluante.
Un comité social et économique (CSE) est prévu la semaine prochaine pour préciser le plan de restructuration de Gazel Energie, issue du rachat des activités d'Uniper en France par EPH.
Contactée par l'AFP, la direction de Gazel Energie n'a pas fait de commentaire mais a souligné sa volonté de "pérenniser l'activité industrielle sur l'ensemble des sites".
Le groupe possède déjà une unité fonctionnant à la biomasse à Gardanne et envisage par ailleurs divers projets industriels aussi bien sur ce site qu'à Saint-Avold.
230 postes supprimés
La direction de l'énergéticien Gazel Energie, propriété de l'homme d'affaires tchèque Daniel Kretinsky, a présenté en septembre un plan de restructuration lié à la fermeture de ses centrales à charbon en France, qui pourrait conduire à la suppression de 230 postes avec un PSE.
"Il est envisagé de mettre un terme à l'activité de l'unité charbon de Gardanne-Meyreuil au terme de la phase d'information-consultation et de contrôle par l'autorité administrative", indique l'entreprise dans un communiqué.
Cette unité de production électrique au charbon située à Gardanne (Bouches-du-Rhône), marquée par un long conflit social, n'a pas produit d'électricité depuis plus d'un an et demi. "Sa remise en service nécessiterait de lourds investissements, que la décision d'une fermeture, au plus tard en 2022, ne rendent plus viables", souligne la direction.
La France veut en effet fermer ses quatre dernières centrales à charbon d'ici à 2022, une promesse du président de la République Emmanuel Macron qui a été inscrite dans la récente loi énergie et climat. Cette façon de produire de l'électricité est en effet très polluante. En revanche, l'unité biomasse présente sur le même site de Gardanne serait "pérennisée" avec un "potentiel" de 45 à 70 emplois à terme.
Gazel Energie, filiale du groupe tchèque EPH, possède également l'unité charbon Emile-Huchet, située à Saint-Avold (Moselle) en Lorraine. "Son activité serait maintenue jusqu'en 2022, afin de répondre aux demandes du marché et du système électrique", indique la direction. Cette dernière évoque sur le site un "potentiel" de 80 emplois liés à des projets autour de la production de chaleur et vapeur renouvelables, de la production d'hydrogène vert et d'e-méthanol, complétés par le développement de parcs photovoltaïques.
Les services supports au siège de Colombes (Hauts-de-Seine) seraient également "adaptés" en conséquence des arrêts d'activité dans le charbon. "Au total, le projet pourrait conduire à la suppression de 230 postes", indique Gazel, qui promet de "s'assurer que chaque salarié concerné trouve une solution professionnelle".
L'entreprise "engagera prochainement une négociation avec les partenaires sociaux, pour définir les modalités d'un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) assorti d'une période ouverte au volontariat".
Pacte de reconversion
La société GazelEnergie, l'Etat et les collectivités locales ont signé en décembre 2022 un pacte pour le redéveloppement "industriel et écologique" du site de Gardanne (Bouches-du-Rhône) où la centrale à charbon doit fermer définitivement dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique.
Le président Emmanuel Macron a promis que la France fermera d'ici à 2022 ses quatre dernières centrales à charbon, énergie dommageable pour le climat. Outre Gardanne, les autres centrales sont situées à Saint-Avold (Moselle), Cordemais (Loire-Atlantique) et au Havre.
A Gardanne, ville déjà marquée par la fin des mines de charbon, cette fermeture définitive inquiète dans un contexte économique morose. "40% des enfants dans nos crèches ont des parents en situation de pauvreté", a souligné mardi le maire Hervé Granier. La fin du charbon aura par ricochet un impact sur les entreprises sous-traitantes mais aussi sur le port de Marseille, où arrivaient les cargaisons.
D'autant que le couperet se rapproche. La centrale à charbon est déjà l'arrêt et ne redémarrera pas. GazelEnergie, filiale du groupe EPH détenu par l'homme d'affaires tchèque Daniel Kretinsky, et les syndicats négocient sur un plan social avec l'espoir de conclure au 15 janvier.
"Cela dépend de quand on déposera la plan de sauvegarde de l'emploi, mais la fermeture (définitive) pourrait intervenir au printemps", a indiqué le PDG de GazelEnergie Jean-Michel Mazalerat, en marge de la réunion.
Le "pacte pour la transition écologique et industrielle de Gardanne-Meyreuil" signé mardi "doit permettre de construire ensemble le projet d'un redéveloppement industriel avec des exigences conformes au développement durable", a souligné le préfet Christophe Mirmand.
L'axe principal du pacte repose sur la relance de la centrale biomasse --fonctionnant au bois-- également propriété de GazelEnergie.
Pour l'instant à l'arrêt en raison de difficultés diverses de fonctionnement et sociales, elle pourrait redémarrer "dans les premiers jours de janvier et tourner à plein régime au printemps", estime le PDG de GazelEnergie en indiquant que des tests y sont menés.
Le pacte prévoit aussi, entre autres, un projet de production d'hydrogène "vert", à l'image de ce qui est également envisagé sur une autre site de GazelEnergie à Saint-Avold pour compenser la fermeture de la centrale à charbon.
Le PSE confirmé
Pour GazelEnergie, le plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) prévoit 219 postes supprimés dont 98 à Gardanne, 87 à Saint-Avold, 27 au siège de Colombes (Hauts-de-Seine) et les autres sur les anciennes tranches charbon d'Hornaing et Lucy (Montceau-les-Mines). Le PSE a été approuvé par la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi (Dirrecte), ouvrant ainsi une première période de départs volontaires.
À la centrale de Provence (Gardanne-Meyreuil), marquée par un long conflit social et à l'arrêt depuis deux ans, ce sera un mélange de départs volontaires et contraints. L'unité biomasse du site, aussi à l'arrêt, devrait redémarrer début juillet après travaux. Elle représente environ 80 emplois directs, selon GazelEnergie, filiale du groupe EPH du Tchèque Daniel Kretinsky, assurant "s'engager résolument vers la production d'énergies vertes au cœur des territoires". "C'est une page chargée d'histoire qui se tourne pour l'entreprise et ses salariés", a commenté le président du groupe Jean-Michel Mazalerat, dans un communiqué.
"L'arrêt des centrales à charbon à la suite d'une décision gouvernementale a des conséquences sociales que GazelEnergie accompagne pour que chaque salarié concerné dispose des moyens pour rebondir", a-t-il ajouté.
Le plan inclut notamment un congé de reclassement allant jusqu'à trois ans et une aide à la formation et à la création d'entreprise, pour un montant global de quelque 50 millions d'euros, selon une source proche du dossier, pris en charge pour environ deux tiers par l'entreprise et un tiers par l'État.