- AFP
- parue le
Les négociations en Guadeloupe entre la branche énergie de la CGT et la direction d'EDF Production électrique insulaire (PEI) ont repris jeudi après deux semaines d'interruption, sans avancée à ce stade, selon plusieurs sources.
Des délestages affectant 73 000 foyers jeudi
"C'est demain (vendredi) qu'on rentre dans le vif du sujet", ont déclaré des syndicalistes et la direction après une longue soirée d'échange. Le retour à la table des négociations aura toutefois permis de faire cesser les délestages qui ont touché 73 000 foyers dans 20 communes jeudi dans la journée, entraînant l'activation de la cellule de crise de la préfecture de Guadeloupe.
La Fédération de l'Energie de la CGTG (FE-CGTG) avait prévenu jeudi de son intention "d'intensifier ses actions revendicatives jusqu'à la reprise des négociations à EDF-PEI". Dès 07h30, des coupures d'électricité ont recommencé à affecter le territoire en raison de la "mise à l'arrêt des 12 moteurs de la centrale de la Pointe Jarry", qui produit près de 70% de l'électricité de l'archipel.
La grève, qui dure depuis le 15 septembre, concerne l'application d'un protocole d'accord, signé à la fin d'une première grève en 2023. À l'époque, le conflit, qui avait duré plus de deux mois, portait notamment sur la titularisation d'intérimaires, mais aussi sur le rattrapage de 5 ans d'arriérés de salaire.
"On estime qu'on a appliqué cet accord à 80%", a affirmé ce jeudi soir Gaëlle Paygambar, directrice de la centrale rappelant que "l'ensemble des versements prévus ont été effectués" et que les points de discorde restants, portent sur "un accord de temps de travail remis en question". "Le problème, c'est qu'on n'a aucun moyen de vérifier si la totalité des versements ont été effectués par manque de pièces justificatives", a expliqué à l'AFP, Jimmy Thélémaque, le secrétaire général de la FE-CGTG.
La production d'eau potable aussi touchée
"On nous dit qu'on ne peut pas avoir de bulletins de salaire conformes parce que tout le groupe a la même fiche de salaires ; Comme si avoir beaucoup de salariés permettrait de s'extraire du droit du travail", fustige Nathanaël Vérin, délégué syndical à la centrale, qui assure que les négociations seront longues.
Ces dernières, qui se déroulent sous l'égide des services de l'État avaient été suspendues il y a une dizaine de jours par les grévistes, lesquels avaient demandé la venue d'un représentant de l'entreprise. Une demande d'abord refusée par l'entreprise, avant, entre autres péripéties, d'annoncer ce jeudi la présence sur le territoire de René le Goff, directeur général adjoint d'EDF-PEI.
"On a promis qu'on rallumerait les moteurs si les négociations avancent, 7 moteurs ont été rallumés ce soir", a encore déclaré le syndicaliste, conscient du moyen de pression que représente la capacité d'arrêter la centrale.
En effet, l'arrêt des moteurs de production conduisent la filiale d'EDF gestionnaire du réseau à organiser des coupures tournantes, durant plusieurs heures, afin d'équilibrer le réseau électrique en vue d'éviter un black out. Avec pour conséquence d'affecter outre les particuliers, les entreprises, mais également la production d'eau potable, déjà compliquée en Guadeloupe. Et de faire monter la grogne dans la société civile, excédée par l'accumulation d'entraves à la vie de tous les jours.