GB: 4 milliards de livres de contrats pour une centrale au gaz avec captage de carbone

  • AFP
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Un groupement d'entreprises comprenant les géants des hydrocarbures britannique BP et français TotalEnergies a annoncé vendredi avoir attribué 4 milliards de livres (4,68 milliards d'euros) de contrats à un projet de centrale électrique au gaz avec captage de carbone, une technologie controversée.

Les deux entreprises chargées du projet, dans lesquelles le norvégien Equinor est aussi associé, "ont sélectionné des entrepreneurs pour des contrats d'ingénierie, d'approvisionnement et de construction d'une valeur combinée d'environ 4 milliards de livres", ont-elles indiqué dans un communiqué.

Le projet vise à construire dans la région du Teesside (nord-est de l'Angleterre) "l'une des premières centrales électriques au gaz à échelle commerciale au monde avec captage du carbone", avec l'objectif de capter jusqu'à 2 millions de tonnes de CO2 par an, et s'inscrit dans le cadre de l'objectif du Royaume-Uni d'atteindre la neutralité carbone en 2050.

La technologie du captage de carbone consiste à piéger le CO2 généré par des usines ou centrales thermiques à gaz ou biomasse, notamment pour le séquestrer dans des réservoirs géologiques de façon permanente. Mais son efficacité est contestée.

Parmi les entreprises sélectionnées figurent les français Technip Energies et Alcatel Submarine Networks, l'américain GE Vernova, une filiale du japonais Marubeni-Itochu Steel ou encore Liberty Steel, propriété du magnat de l'acier Sanjeev Gupta.

L'attribution finale des contrats est soumise à autorisations réglementaires et des décisions finales d'investissement, notamment du gouvernement britannique, selon le communiqué.

Les entreprises du secteur pétro-gazier et les industries énergivores vantent les technologies de captage et stockage du carbone pour réduire leurs émissions de CO2 responsables du changement climatique.

Londres a annoncé il y a un an un investissement de 20 milliards de livres sur 20 ans dans la capture de carbone, visant à stocker 20 à 30 millions de tonnes de CO2 par an à compter de 2030, soit l'équivalent des émissions de 6 millions de voitures.

Il n'y a pour l'instant aucun site opérationnel de capture et stockage de carbone (CCS) dans le pays, mais quatre projets de groupements d'entreprises ("clusters") dédiés, dont celui de Teesside, et d'autres projets indépendants.

Erik Dalhuijsen, directeur de l'ONG écologiste Aberdeen Climate Action et ancien ingénieur pétrolier, est très sceptique sur les chances de succès du "cluster" de Teesside, dont "la capacité de stockage effective est bien plus faible que ce qui est publié, car les potentiels problèmes et risques ne sont pas pris en compte".

Pour lui, le projet de CCS à Teesside "sert à justifier le lancement d'une nouvelle centrale électrique à gaz, ce qui veut dire qu'on en a pour encore 40 ans de génération électrique à base de carburants fossiles, et de ventes de gaz pour l'industrie" des hydrocarbures.

Le gouvernement britannique avait annoncé mardi son intention de construire de nouvelles centrales électriques au gaz au nom de la sécurité énergétique, une décision critiquée comme un nouveau coup de frein aux ambitions climatiques du Royaume-Uni.

Londres a récemment reporté plusieurs mesures phares dans la lutte contre le changement climatique, comme l'interdiction de la vente de voitures thermiques neuves, passée de 2030 à 2035.

Jeudi, le gouvernement britannique a aussi reporté d'un an, à avril 2025, un mécanisme destiné à doper les installations de pompes à chaleur.

Dans le monde, les projets de captage du carbone se multiplient rapidement, mais l'Agence internationale de l'énergie (AIE) préconise plutôt de réduire les émissions de CO2, mettant en garde contre le recours à ces technologies de captage "chères" et encore "non éprouvées à grande échelle".

ode-ved/er

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