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L'UE envisage de reconduire pour l'hiver 2023 son mécanisme fixant un objectif commun de réduction de la consommation de gaz pour les 27 États membres, ont annoncé mardi les ministres européens de l'Énergie réunis à Stockholm. Les Vingt-Sept "ont discuté la prolongation d'un certain nombre de mesures d'urgence pour pouvoir remplir rapidement nos stocks de gaz et être capables de faire face à de possibles tensions", dont "une mise sous contrôle de la consommation", a déclaré la ministre française Agnès Pannier-Runacher.
Face au choc énergétique provoqué par la guerre en Ukraine et à la chute des livraisons russes, les États de l'UE s'étaient entendus en juillet dernier pour réduire leur demande de gaz sur la période août 2022-mars 2023 de 15% par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Cet objectif "volontaire" a été largement dépassé grâce à une météo clémente et aux tarifs élevés qui ont poussé ménages et entreprises à faire des économies. Selon Eurostat, la consommation de gaz dans l'UE a diminué de 19,3% entre août et janvier, par rapport à la consommation moyenne sur la même période entre 2017 et 2022.
"On ne peut se reposer sur ses lauriers. Il faut continuer la diversification (énergétique), le déploiement des renouvelables, le stockage de gaz, la réduction de la demande", avait averti lundi soir la commissaire à l'Energie Kadri Simson. Le texte d'urgence adopté l'an dernier pour réduire la demande européenne "expire fin mars" et la Commission "envisage de le prolonger", a-t-elle expliqué. Selon Mme Simson, ce texte "est crucial pour se préparer à l'hiver prochain, et atteindre l'objectif d'un remplissage à 90% des réserves de gaz d'ici le 1er novembre", cible désormais inscrite dans le droit de l'UE de façon pérenne pour chaque hiver.
Les États membres devront approuver tout nouvel objectif d'une réduction "volontaire" de la demande européenne de gaz pour l'hiver 2023/2024.
L'Allemagne a réclamé un chiffre plus élevé que les 15% visés l'an dernier. Face aux risques d'une nouvelle flambée des cours, "il importe d'augmenter l'objectif d'économies d'énergie, on ne doit pas seulement prolonger les règles actuelles, on doit être plus strict, afin d'envoyer au marché un signal" susceptible de calmer toute spéculation, a estimé mardi le secrétaire d'Etat allemand Sven Giegold.
Mais d'autres pays sont plus réservés. "Les solutions approuvées l'an dernier ne sont techniquement pas reproductibles: vous ne pouvez pas forcer les ménages à chauffer encore moins, ni forcer l'industrie à produire toujours moins", s'est alarmé le ministre tchèque Jozef Sikela, plaidant pour des mesures "de moyen terme comme l'efficacité énergétique".