- AFP
- parue le
Le projet de forage pétrolier en Seine-et-Marne, contre lequel la mairie de Paris a engagé une procédure en référé, "respecte la loi", a estimé mardi le ministre de l'Industrie Roland Lescure, tandis que son homologue à la Santé Frédéric Valletoux a fait part de ses "réserves".
La députée écologiste de Paris Sandrine Rousseau a demandé au gouvernement d'"arrêter immédiatement" ce projet, dénonçant une autorisation de l'exécutif "irresponsable" lors de la séance des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale.
"Nous respectons la loi qui a été votée ici", a répondu M. Lescure, évoquant la loi de 2017 prévoyant la fin de la production d'hydrocarbures en France d'ici 2040.
"Cette loi prévoit que les concessions (...) puissent être exploitées jusqu'en 2040. Celle dont vous parlez, c'est 2034", a déclaré le ministre.
Il a en outre énuméré des "conditions extrêmes" prévues par l'arrêté préfectoral, dont le suivi par un géologue des travaux de forage, "des critères spécifiques imposés aux fluides utilisés pour le forage, le contrôle de l'ensemble des produits chimiques utilisés sur le site, le contrôle de la cimentation des puits et évidemment la mesure de la turbidité, c'est-à-dire de la qualité de l'eau".
La mairie de Paris avait dénoncé lundi "une catastrophe environnementale en puissance, à l'heure où les ressources en eau sont de plus en plus menacées", craignant des conséquences pour les captages de sa régie en charge de l'eau.
Son opérateur, Eau de Paris, a saisi en référé le tribunal administratif de Melun pour faire suspendre l'arrêté préfectoral du 30 janvier autorisant l'ouverture de travaux sur la concession d'hydrocarbures de Nonville, près de Nemours à 80 km au sud-est de Paris.
Selon la mairie et l'entreprise productrice de pétrole Bridge Energies, la décision devrait être connue dans les jours qui viennent.
Pour Dan Lert, adjoint à la transition écologique et président d'Eau de Paris, le gouvernement "joue avec le feu" car 180.000 Parisiens et Seine-et-Marnais reçoivent leur eau potable des deux captages situés à proximité du site pétrolier, à Villeron et Villemer.
Le dossier soulève également des "réserves" du côté de Frédéric Valletoux, l'ancien maire de Fontainebleau et député de Seine-et-Marne devenu en février ministre de la Santé.
"En tant que maire de Fontainebleau puis de député, j'ai formulé à plusieurs reprises mes réserves et inquiétudes sur l'extension de la plateforme en cause au regard de l'impact environnemental et sanitaire pour le territoire, à l'unisson des maires de la commune concernée et des communes proches", a-t-il déclaré mardi à TF1.
"C'est une conviction que j'avais en tant que député et que j'ai toujours en tant que ministre", a-t-il ajouté.
L'entreprise Bridge Energies est titulaire d'une concession d'exploitation du gisement courant jusqu'en 2034 à Nonville, où un seul de ses trois forages produit encore du pétrole, pour l'équivalent de 75 barils par jour.
Elle a obtenu de l'Etat d'en ouvrir deux autres, d'une profondeur de 1.500 m, à l'issue d'une enquête publique.