Forage en Seine-et-Marne : l'exploitant veut encore produire du pétrole pour mener des projets de « reconversion »

  • AFP
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Géothermie, stockage de CO2 : Bridge Energies, qui exploite une concession pétrolière en Seine-et-Marne et dont un projet de nouveaux puits est contesté devant la justice par le syndicat Eau de Paris, a présenté jeudi des projets de "reconversion" du site pour l'après pétrole.

Recours d'Eau de Paris

Bridge Energies est titulaire d'une concession d'exploitation du gisement courant jusqu'en 2034 et exploite déjà trois puits, ouverts entre 2012 et 2014. Elle a obtenu de l'État d'en ouvrir deux autres, d'une profondeur de 1 500 m.

Mais le projet est vivement contesté par la régie publique Eau de Paris, qui craint notamment la pollution de deux de ses captages d'eau situés à proximité du site pétrolier, à Villeron et Villemer, lesquels alimentent 180 000 Parisiens et Seine-et-Marnais en eau potable.

Elle a engagé un recours en référé-suspension, rejeté par le tribunal administratif de Melun. Celui-ci a estimé, compte tenu du calendrier, qu'il n'y avait pas urgence à statuer. Il doit se prononcer sur le fond au premier semestre 2025.

Devant quelques journalistes, Philippe Pont, président de Bridge Energies, plus petit producteur de pétrole de France, a indiqué que ce projet, s'il voyait le jour, permettrait de financer toute une palette d'activités en faveur de la transition écologique, comme du stockage de CO2 pour le compte d'industriels, de la géothermie, ou encore de l'aquaponie.

« Il faut qu'on continue à pouvoir exploiter notre pétrole »

Mais, a-t-il averti, "si on nous coupe nos ressources, on n'aura pas les moyens de développer ces projets de reconversion, donc il faut qu'on continue à pouvoir exploiter notre pétrole". Ces nouvelles activités présentées par Bridge Energies constituent "un écran de fumée", a réagi auprès de l'AFP le président d'Eau de Paris, Dan Lert.

"Il n'y a jamais eu de précédents de pollution de nappe phréatique par forage pétrolier en France", assure Bridge Energies, qui affirme par ailleurs que, dans la déclaration d'utilité publique des captages d'eau que souhaite préserver Eau de Paris, "l'expert hydrogéologue ne mentionne jamais" le site de Bridge Energies "comme risque de pollution potentielle".

Une lecture sensiblement différente de celle d'Eau de Paris, pour qui ce document "ne signifie en rien que cette activité serait sans risque pour la ressource en eau" et a évoqué deux incidents passés qui ont mis en évidence les "risques de catastrophe environnementale majeure sur le site de Nonville", où se trouve la concession. Dan Lert, enfin, a évoqué "une production dérisoire pour un risque majeur sur la ressource en eau".

En France, la production de pétrole représente 1% de la consommation nationale, réalisée aux deux tiers dans le bassin parisien et le reste dans le bassin aquitain, en Gironde (sud-ouest).

Commentaires

Daphné
On aimerait en savoir plus sur les deux incidents qui ont mis en évidence des risques de catastrophes . Risques? ou précatastrophes prévenues? Sinon les projets seraient intéressants à condition qu'ils ne polluent pas la précieuse nappe d'eau douce. C'est là que l'intelligence artificielle pourrait intervenir et éclairer les juges. Se lancer dans la pétrochimie douce avec notre pétrole est plus intéressant et plus valorisant que de le brûler pour aller plus vite!

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