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La détaxe sur le gazole dont bénéficient certaines professions sera supprimée pour les agriculteurs et les entreprises de travaux publics, mais pas les transporteurs routiers, afin de préserver leur "compétitivité", a annoncé jeudi le ministre de l'Economie Bruno Le Maire.
"Nous supprimerons la niche fiscale sur le gazole non routier (GNR) tout simplement pour faire basculer notre fiscalité d'une fiscalité brune - c'est une fiscalité qui incite à consommer des énergies fossiles, donc c'est mauvais pour le climat - à une fiscalité qui valorise les investissements verts", a déclaré M. Le Maire sur Franceinfo.
Cette mesure concernera les agriculteurs et les entreprises du BTP, avec lesquels des discussions sont en cours afin de "trouver un accord", a-t-il poursuivi, précisant qu'il y aurait "compensation pour accompagner la transformation".
"Il ne faut pas procéder par brutalité", a ajouté le ministre.
Interrogé par l'AFP, le ministère de l'Economie et des Finances a indiqué que la fin de la défiscalisation du gazole non routiers s'appliquerait progressivement à partir de 2024 et jusqu'à 2030 pour le BTP, voire un peu au-delà pour les agriculteurs.
Le président de la FNSEA, premier syndicat agricole, sera à Bercy la semaine prochaine, a-t-on ajouté de même source.
Le syndicat s'est dit prêt à se passer de manière progressive du GNR si une solution alternative était proposée aux exploitants: des tracteurs roulant avec un autre carburant, des aides pour la transition...
Son président Arnaud Rousseau a encore déclaré ce jeudi sur RMC qu'il n'était "pas question que ce soit supprimé" de "manière abrupte".
"Demander un effort, un mutation du brun vers le vert, pour reprendre l'expression du ministre de l'Economie, cela nécessite des solutions. Or aujourd'hui, les solutions sont peu nombreuses. Pour nous, c'est un sujet de compétitivité", a-t-il dit.
En revanche, les transporteurs routiers ne seront "pas concernés" par la fin progressive de la défiscalisation du gazole afin de "préserver (leur) compétitivité", a souligné M. Le Maire.
Le ministre a relevé que pour cette profession le niveau de taxation du gazole était supérieur en France à celui pratiqué par d'autres pays européens.
"Le niveau de taxation du gazole est de 3,8 centimes pour les agriculteurs, de 18 centimes pour les travaux publics, donc c'est très inférieur à ce qui existe dans la moyenne de pays européens et en France", a-t-il détaillé. "Mais il est de 45 centimes pour les transporteurs routiers, c'est plus élevé que ce qui est pratiqué en Espagne, plus élevé que ce qui est pratiqué en Italie."
L'Union des entreprises de transport et logistique de France (Union TLF) a indiqué que cette décision était "attendue par les transporteurs". "Nous sommes déjà parmi les pays d'Europe les plus taxés! Il faut préserver notre compétitivité car nous sommes un secteur stratégique pour le pays", a déclaré son délégué général, Olivier Poncelet.