Fermeture d'une centrale nucléaire : mode d'emploi

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L'Allemagne ferme ses trois dernières centrales nucléaires, un processus qui débute samedi, mais va s'étaler sur des années jusqu'au démantèlement complet des installations.

Débrancher

Le jour J, pas d'interrupteur on/off à activer mais un ralentissement progressif. "À partir de 22 heures (20H00 GMT), nous réduirons la puissance de l'installation de 10 mégawatts par minute", explique-t-on à la centrale bavaroise d'Isar 2, située non loin de Munich.

"Lorsque la puissance du réacteur aura atteint environ 30%, plus aucun courant ne sera injecté dans le réseau à très haute tension et le générateur sera automatiquement déconnecté du réseau électrique".

Même processus, peu ou prou, dans les turbines des centrales d'Emsland (nord-ouest) et Neckarwestheim (sud-ouest). Cette dernière tourne déjà à "environ 70% de la capacité réelle" depuis la mi-janvier, explique Jörg Michels, responsable de la division nucléaire au sein de l'énergéticien EnBW, exploitant du site.

Mettre une centrale nucléaire à l'arrêt est "un processus de routine" souvent utilisé lors d'inspections, souligne M. Michels. "La particularité est que cela arrivera pour la dernière fois" dans ce réacteur à eau sous pression, ajoute-t-il.

Rendu moins puissant, le réacteur n'enverra plus d'eau à haute température et sous pression vers la salle des machines, où les turbines cesseront par conséquent de produire l'électricité injectée dans le réseau à haute tension.

Aucune célébration n'est prévue à Neckarwestheim, mais "la direction a décidé d'être présente" en signe de "respect envers les employés" qui sont encore 650 sur le site, dit-il.

Refroidir et démonter

Dans les jours qui suivront, la réaction atomique en chaîne qui provient des barres de combustible va être "complètement stoppée" pour permettre "le refroidissement du cycle atomique de la centrale", prélude à son démontage, précise M. Michels.

L'Allemagne a opté pour le démantèlement immédiat des centrales après leur arrêt sans passer par une phase de mise sous cocon.

Rendus inactifs, les 193 éléments combustibles au cœur du réacteur encore hautement radioactifs seront transférés dans une piscine de stockage d'un bâtiment adjacent. Ils y resteront immergés pendant 3 à 5 ans jusqu'à ce qu'ils soient emballés dans des conteneurs "Castor" pour être transportés le moment venu vers un lieu d'enfouissement.

Le démontage un à un des éléments de la centrale commencera, lui, "au début de l'année prochaine", une fois toutes les autorisations obtenues, selon M. Michels. "Nous sommes bien préparés", explique le responsable, alors que EnBW compte déjà quatre autres réacteurs en cours de démontage, depuis 2008 pour le plus ancien. Le démantèlement des installations nucléaires doit durer une quinzaine d'années.

Enfouir, mais où ?

Le choix d'un site d'enfouissement profond pour les déchets nucléaires allemands hautement radioactifs accumule les retards. Selon le plan initial, la phase de recherche elle-même devait être achevée en 2031, avec le but d'avoir un site disponible d'ici 2050.

Mais fin 2022, l'organisme fédéral en charge des déchets nucléaires a proposé de repousser la recherche à un horizon bien plus lointain: jusqu'en 2046 voire 2068, selon les scénarios. L'acheminement du premier colis radioactif vers le futur lieu sélectionné prendra encore 20 ans.

Entretemps, les déchets hautement radioactifs sont stockés dans des entrepôts temporaires conçus à cet effet. Les déchets de faible activité et à vie courte seront eux stockés définitivement dans l'ancienne mine de fer de Konrad, proche de Salzgitter (Basse-Saxe), pour une mise en service prévue à partir de 2027.

Un site de stockage définitif doit permettre de stocker les déchets nucléaires en toute sécurité pendant au moins un million d'années. "Plus de 30 000 générations seront encore concernées par les conséquences de la technologie nucléaire qui n'a été en service chez nous que pendant 60 ans", avait déclaré en 2017 l'ancienne ministre de l'Environnement, Barbara Hendricks.

Commentaires

Goldorak
Combien de génération seront concernés par la conservation du Charbon ?
Serge Rochain
Le charbon ou ce qui en reste après l'avoir brulé, reste du carbone, c'est a dire de qu'il était avant d'avoir été brulé, ce qui n'est pas le cas du produit de désintégration qui n'est plus de l'uranium
sirius
Mode d'emploi ? Très simple :Eriger quelques milliers d'éoliennes pour un réacteur et attendre que le vent souffle .
Jean-Luc Sanchez
La lecture de l'article me laisse une drôle d'impression du genre "vite, vite, après les derniers soubresauts dépêchons-nous de tout casser pour éviter de revenir en arrière, rendons le processus irréversible....et faisons le deuil de nos certitudes !!""
Lecteur 27
Oui, mois aussi, même impression: dépêchons nous de tout mettre sous le tapis sans attendre que la décision d'aujourd'hui apparaisse stupide dans quelques années ou quelques dizaines d'années ... Pas de retour en arrière possible ... Tant qu'il y aura des gens arcboutés sur leurs certitudes du temps qui pourtant passe : l'anti nucléaire à tout prix. Comme ceux (pardonnez moi d'évoquer une autre actualité) qui jugent sans réfléchir que l'âge d'une retraite à répartition doit resté gravée dans le marbre des institutions humaines et qu'il est totalement inconcevable d'envisager d'en ajuster arithmétiquement les paramètres ...
Serge Rochain
Juste une petite sentaine suffit quant au vent il y en a tout le temps tant que la Terre tourne .... pourquoi vous avez une info sur le moment où elle va s'arréter de tourner ?
Serge Rochain
Non Sanchez, la différence avec la technique française pour qui c'est "Remettons à plus tard ce qui coute sans rien rapporter, les suivants se démerderont"; la technique allemande c'est de se fixze des objectifs et de les tenir.
Schricke
S.R. Parmi les "objectifs" de l'Allemagne, combien s'est-elle fixé de morts provoquées par la pollution de l'air découlant de l'usage du Charbon ? L'Allemagne s'est, en effet, fixé des objectifs de MOYENS (ENRi notamment), mais il eût été préférable de se fixer des objectifs de RESULTATS (en taux d'émissions de GES par Mwh électrique, par exemple ?), mais, ce pays préfère ne pas trop disserter de ses échecs patents... ce que vous faites vous-même, très bien ! Car vous savez bien, compte tenu de votre "brillant" pedigree de scientifique, que "l'énergiewende" allemand est un échec évident ! (écologiquement parlant)

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