Électricité : la France à l'abri d'un risque de coupures cet hiver, la sobriété toujours de mise

  • AFP
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Le risque de coupure d'électricité cet hiver en France a été classé "faible" mercredi par le gestionnaire du réseau RTE, une situation "beaucoup plus favorable" qu'en 2022, qui ne signifie en aucun cas le retour à une électricité abondante et peu chère.

"Ca va mieux", a résumé en substance Xavier Piechaczyk, le président du directoire de RTE, l'entreprise publique qui pilote les 106 000 kilomètres de lignes à haute et très haute tension, depuis l'an 2000. Sur une échelle de 1 à 5, le risque d'un déséquilibre offre-demande est classé "très faible" en novembre (niveau 1) puis "faible" (niveau 2) les mois suivants. Une précision très attendue par les marchés qui avaient fait payer cher l'an dernier à la France les déboires de son parc nucléaire.

Placée dans une situation inédite par les problèmes de corrosion détectés sur plusieurs réacteurs, la France avait dû importer de l'électricité en 2022, ce qui n'était plus arrivé depuis 42 ans. Depuis, "une proportion notable du parc nucléaire a pu être contrôlée et réparée au cours de l'année", souligne RTE. Au final, "des situations de défaillances et de recours aux moyens de sauvegarde ne peuvent donc pas être totalement exclues mais apparaissent ainsi nettement moins probables que l'hiver dernier", a annoncé RTE.

"Le recours aux moyens de sauvegarde ne se matérialiserait que dans des scénarios très dégradés combinant plusieurs aléas défavorables : reprise rapide de la consommation, retards sur les retours d'arrêts des centrales nucléaires, vague de froid sévère ou limitations fortes des imports", a précisé RTE. Attention cependant, cette perspective implique que les consommateurs continuent à économiser le courant. C'est même l'une des hypothèses centrales du scénario.

La France a réalisé une baisse "tout à fait importante" et "inédite" de sa consommation électrique l'an dernier (environ -8% par rapport à la période de 2019-14) et RTE y voit une tendance de fond structurelle. "On va rester sur ce niveau durant l'hiver", a exposé lors de la conférence de presse Thomas Veyrenc, directeur exécutif du pôle stratégie, prospective et évaluation de RTE.

Deux raisons à ça, selon lui : "La première, c'est que les prix de l'électricité sont toujours hauts (...) et il y a toujours une incitation aux économies d'énergie, notamment avec les plans sobriété du gouvernement". Le tarif réglementé de l'électricité en France a augmenté de 31% depuis 2021. Il devrait encore remonter en février, au maximum de 10%.

Dans un souci d'économie, la mesure de reconfiguration des ballons d'eau chaude électriques décidée l'an dernier pour empêcher qu'ils ne s'enclenchent autour de l'heure de midi sera d'ailleurs reconduite, et active d'ici la fin du week-end prochain jusqu'en avril, avec une économie de 2,5 gigawatts à la clé, a précisé RTE.

De sorte que même en cas de vague de froid inhabituelle, "la pointe de demande électrique resterait cet hiver a priori significativement inférieure à 100 gigawatts", anticipe RTE. Le pic historique avait été atteint en février 2012 à 102 GW, avec un thermomètre 8°C degrés inférieur aux normales de saison.

Essentiel pour la sécurité d'approvisionnement, le parc de réacteurs nucléaires --au nombre de 56 là où l'Allemagne a fait le choix inverse et fermé ses trois dernières centrales en avril-- a parallèlement rétabli un niveau de production qui devrait atteindre 45 GW en décembre, puis 50 GW en janvier.

Et même si "la disponibilité hivernale du parc nucléaire reste plus faible que dans les années 2010" et n'atteint pas sa valeur nominale de 55 GW, la France est redevenue exportatrice de courant depuis janvier.

Du côté des barrages hydroélectriques, deuxième source de production d'électricité, ils sont "pleins" malgré la sécheresse du début d'année et les énergies renouvelables "ont continué à se développer", souligne RTE qui signale le raccordement cet hiver les parcs éoliens marins de Saint-Brieuc et Fécamp. "L'éolien va redevenir la troisième source d'électricité cette année, et produira plus que les centrales à gaz", a noté M. Piechaczyk.

Pour les deux dernières centrales à charbon, dont le gouvernement a repoussé la sortie à 2027, année d'élection présidentielle, elles pourraient servir en cas de pointe de consommation, mais "elles fonctionneront moins", parie M. Veyrenc. Elles ont participé à 0,6% du mix énergétique l'an dernier.

Commentaires

Rochain Serge
Le nombre de réacteurs à l'arrêt reste compris entre 19 et 24 selon les jours. Il y a toujours entre 3 et 7 pannes fortuites qui invalident ces réacteurs durant plusieurs jours. Tant qu'on était en été cela n'avait aucune conséquence et des qu'il y avait du vent et/ou du Soleil on exportait .... mais l'hiver arrive et je ne suis pas aussi optimiste que RTE
Denis Margot
Tendance à déformer la réalité : c’est le N à bout de souffle qui assure péniblement, avec toutes ses pannes et arrêts, la production française, mais heureusement qu’il y a les ENRi pour permettre les exportations. Rochain a inventé les électrons intelligents. Selon qu’ils sont N ou PPV, ils restent à la maison ou ils filent à l’export ! Comptez-vous Fessenheim dans les arrêts, histoire d’ajouter 2 pannes permanentes ?
Serge Rochain
Quand à savoir ce que l'on exporte, c'est simple, sauf peut être pour vous.... c'est écrit da,ns eco2mis que vous pouvez, comme moi consulter chanque jour..... oui il faut mouiller sa chemise pour être bien informé et ne pas se contenter de colporter n'importe quelle fake de bistrot. Dans une autre game de reflexion, ce qui est exportable c'est ce que l'on produit et que l'on ne consomme pas.... à condition de trouver des clients intéressés, ce qui n'est pour l'instent et un moment encore pas trop difficile tant que nos voisins n'ont pas terminé leur transition vers le renouvelable, puisqu'importer à bas prix depuis la France coute moins cher que de faire fonctionner ses centrales à gaz, notamment.(les KWh les plus chers)
GUILLAUDEUX
Le facteur de charge de l’éolien est de moins de 25% et celui du solaire d’environ 12%. Ce qui correspond au temps durant lequel ces ENR intermittentes produisent à pleine puissance, c’est à dire par vent favorable ou, pour le solaire à midi ! Ce n’est pas pour demain que les ENRi pourront remplacer nos moyens actuels de production de masse. Je n’entrerais pas plus dans votre discussion qui mériterait d’être étayée techniquement. Par exemple en abordant le merit order qui favorise les ENRi au détriment des productions de masse pilotables. De la priorité à l’injection sur le réseau. L’Allemagne qui devait fermer ses centrales charbon en 2030 ai je lu ne va probablement pas le faire. L’Allemagne vise depuis plusieurs années le modèle français qui était le plus compétitif et donc un danger pour son économie. Les ENRi sont avant tout un business malheureusement pas à l’avantage des consommateurs. Bien cordialement
Rochain Serge
Guillaudeux : "Le facteur de charge correspond au temps durant lequel ces ENR intermittentes produisent à pleine puissance,..." Non Guillaudeux, vous dites des sottises le facteur de charge ne correspond pas à un temps ! Et surtout pas le temps pendant lequel le dispositif produit à pleine puissance ! Le facteur de charge est le pourcentage d'énergie produite par un dispositif, pendant un temps assez long, pour lisser les variations à caractères cycliques, typiquement l'année, rapportée à ce qui aurait été produit sur cette période, au maximum de la capacité du dispositif. Et le reste de votre message est à l'avenant de votre définition du facteur de charge.... du flou, et des convictions non étayées. Tout aussi cordialement.
Ph.Guillaudeux
Bonsoir Monsieur Rochain, Voilà la définition exacte : " Le facteur de charge est le rapport entre l’énergie effectivement produite par une centrale électrique sur une période donnée et l’énergie qu’elle aurait produite sur cette même période en fonctionnant 100% du temps à sa puissance maximale (nominale). Les données de RTE sont indiscutables : moins de 25% pour l'éolien et env 12% pour le PV. Désolé de ne pas avoir été assez claire dans mon précédent commentaire.J'ai très récemment rédigé une note technique sur les ENRi à diffusion restreinte malheureusement. Par contre vous pourrez trouver des éléments sur les sites de RTE, du CNRS, de l'Agence ORE, de la SFEN, de la Cours des comptes, d'ENEDIS, de la CRE...Je vous souhaite une bonne continuation dans votre recherche sur ce sujet complexe sans doute pas expliqué clairement au consommateur !
Rochain Serge
Bonsoir Monsieur Guillaudeux, pour ce qui concerne la définition du FC je ne vois pas de différence avec la mienne si ce n'est que je précise que cette période "donnée" de la votre est explicitée dans la mienne par "généralement l'année, pour lisser les variations saisonnières". Je vous suggère une lecture qui sera sans doute pour vous pleine de surprises : "Une Histoire de la conquête de l'énergie jusqu'au XXIe siècle; la France à la croisée des chemins", parue aux éditions Complicités Bien cordialement
Serge Rochain
NON Fessenheim est hors jeu. Mais vous pouvez consulter chaque jour nucléar monitor comme je le fais et vous n'aurez pas de question sans intéret à me poser

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