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L'Azerbaïdjan, où se tiennent dimanche des élections législatives anticipées, est historiquement un pays étroitement lié aux hydrocarbures, tirant l'essentiel de ses revenus de l'or noir et du gaz.
Une histoire ancienne
À la fin du XIIIe siècle, le voyageur-écrivain vénitien Marco Polo, cheminant sur la Route de la soie, décrivait déjà une "source" d'huile à brûler située dans cette région du Caucase.
Le nom d'Azerbaïdjan vient du persan "azer", mot désignant les "feux sacrés" des temples de l'antique religion du zoroastrisme, alimentés par le gaz ou les naphtes (pétrole brut) qui, ici, jaillissent naturellement de terre.
Aujourd'hui, près de Bakou, le temple zoroastrien d'Atechgah dispose d'un feu éternel alimenté par une conduite de gaz spéciale provenant d'un champ voisin. Mais jadis, c'était du gaz sortant directement du sol qui brûlait dans ses foyers vénérés.
Berceau de l'extraction pétrolière
Le pays est historiquement l'un des berceaux de l'extraction pétrolière moderne: avant même le premier forage aux Etats-Unis, un puits est percé en 1846 près de Bakou, la capitale, qui se retrouve rapidement entourée de derricks.
Les Suédois Robert et Ludvig Nobel, frères d'Albert à l'origine des célèbres prix, sont parmi les premiers à investir dans le pétrole azerbaïdjanais, achetant raffinerie et champs pétroliers dès 1876, puis fondant la société Branobel qui devient numéro un mondial du pétrole avant sa nationalisation en 1920 lorsque l'Azerbaïdjan passe sous contrôle soviétique.
Vers 1900, on estime que plus de la moitié de la production mondiale d'or noir provient de la région de Bakou, à savoir la péninsule d'Apchéron sur le mer Caspienne.
Une république pétrogazière
Devenue indépendante en 1991 à la disparition de l'URSS, la république d'Azerbaïdjan tire l'immense majorité de sa richesse du pétrole et du gaz, qui proviennent aujourd'hui essentiellement de gisements offshore en mer Caspienne.
La production en hydrocarbures représente globalement en valeur 90% des exportations du pays, la moitié des recettes de l'Etat et un tiers du PIB, selon des rapports de l'Agence internationale à l'Energie (AIE) et du département d'Etat américain.
L'AIE classe l'Azerbaïdjan comme un producteur et exportateur "majeur" de gaz et pétrole, avec 32,7 millions de tonnes de brut et 35 milliards de mètres cubes de gaz produits en 2022, dont plus des deux-tiers sont destinés à l'export. Le pays figure parmi les 20 premiers exportateurs nets de pétrole et au 12e rang pour le gaz (chiffres 2022).
Découvert dans les années 1970, le champ en eaux profondes d'Azeri-Chirag-Guneshli (ACG), situé à 100 km à l'est de Bakou, demeure la principale source d'or noir du pays. Ce site, exploité par le britannique BP en association avec la compagnie d'Etat Socar, compte pour plus de la moitié de la production nationale de pétrole brut (d'après les chiffres d'exploitation du premier trimestre 2024 fournis par BP).
Le pari du gaz
Alors que la production pétrolière azérie diminue régulièrement après un pic atteint en 2010, la production gazière s'affiche au contraire en plein essor.
L'Azerbaïdjan qui est membre de l'OPEP+, version élargie de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, défend le gaz comme une "énergie de transition" et prévoit d'augmenter sa production de 35% d'ici à 2034.
Bakou entend surtout profiter de la chute des exportations de gaz russe, plombées par les sanctions internationales en représailles à son invasion de l'Ukraine, pour devenir un fournisseur privilégié de l'Europe à travers le réseau de gazoducs "Corridor gazier du sud" (SGC) qui passant par la Géorgie et la Turquie, relie l'Azerbaïdjan à l'Italie.
Le principal champ gazier du pays a été découvert en 1999 en mer Caspienne, à 70 km au sud de Bakou: Shah Deniz est l'un des plus grands sites gaziers au monde. Exploité par BP, il fournit plus des deux-tiers de la production nationale (d'après des chiffres d'exploitation du premier trimestre 2024 fournis par BP).