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L'énergéticien EDF a décidé d'un "moratoire" sur les embauches pour 2023 en raison de "sa situation financière difficile" après des pertes records en 2022, a indiqué jeudi à l'AFP un porte-parole de l'entreprise.
EDF a décidé de suspendre ses recrutements le temps de "faire un état des lieux de ses besoins en personnel", pour mieux cibler ses priorités, à un moment où l'entreprise traverse "une situation difficile", a expliqué ce porte-parole, confirmant des informations du journal Les Echos. "Il y a donc un moratoire sur les embauches pour 2023", même si "l'idée n'est pas de suspendre" les recrutements "toute l'année", a-t-on précisé de même source.
L'annonce a été faite récemment en interne dans un courriel de travail adressé par le directeur des ressources humaines à ses équipes.
Le nombre d'embauches prévues n'a pas été rendu public par EDF, qui a par ailleurs annoncé l'arrivée lundi d'une nouvelle directrice déléguée des Ressources humaines, Caroline Chanavas, en prévision du remplacement du directeur actuel, Christophe Carval, sur le départ en inactivité dans les prochains mois.
Mme Chanavas est un transfuge du fabricant militaire Naval Group, après une carrière qui l'a vue débuter en Chine et travailler dans des entreprises de l'informatique puis chez Thales.
Cette suspension des recrutements intervient à un moment crucial pour EDF. L'entreprise, en voie de nationalisation complète, est confrontée à de nombreux défis industriels et financiers, qui impliqueraient plutôt des embauches que l'inverse.
EDF doit à la fois redresser la production du parc nucléaire existant et préparer la construction d'au moins six réacteurs, deux grandes priorités affichées par le gouvernement.
Contacté par l'AFP, le ministère de l'Economie et des Finances n'a pas souhaité réagir.
L'électricien a terminé l'année 2022 avec une perte record de 17,9 milliards d'euros, attribuant une partie de ses maux au mécanisme de l'Arenh (Accès régulé à l'électricité nucléaire historique).
Ce mécanisme dont EDF demande l'abandon, contre l'avis du gouvernement, l'oblige à revendre son électricité à ses concurrents fournisseurs induisant "une sous-rémunération de l'entreprise", selon son PDG Luc Rémont.
"Geler les embauches au regard des enjeux industriels qui attendent EDF, ça n'a aucun sens", s'est étonné la secrétaire nationale CFE-Energie d'EDF, Amélie Henri.
En matière de ressources humaines, EDF connaît également des turbulences liées à la réforme des retraites, contre laquelle de nombreux agents se sont mobilisés depuis janvier.
La réforme, si elle est promulguée, modifie le contrat des nouveaux embauchés à partir de septembre, en supprimant le régime spécial de retraites des industries électriques et gazières.