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La Chine a manqué un objectif climatique majeur en 2024 et ses émissions de CO2 ont connu une légère hausse, malgré des ajouts records en matière d'énergies renouvelables, selon des données officielles publiées vendredi.
Intensité carbone
D'après des analystes, ces chiffres montrent que le plus grand émetteur mondial est en retard sur un de ses engagements cruciaux de l'Accord de Paris sur le climat. L'intensité carbone, qui mesure les émissions de dioxyde de carbone par unité de PIB, a diminué de 3,4% l'an passé, a indiqué le Bureau national des statistiques (BNS). C'est en deçà de l'objectif officiel, qui était de - 3,9%.
Ce contretemps place la Chine en retard par rapport à son ambition de réduire en cinq ans, de 2020 à 2025, son intensité carbone de 18%. Les émissions totales de carbone ont par ailleurs continué d'augmenter, mais légèrement et loin des bonds enregistrés dans le passé, selon les données du BNS.
Les données montrent néanmoins qu'il sera "extrêmement difficile" pour la Chine de tenir son engagement de réduire son intensité carbone de 65% d'ici 2030 par rapport aux niveaux de 2005, déclare Lauri Myllyvirta, analyste au Centre de recherche sur l'énergie et l'air pur (CREA), un institut de recherche basé en Finlande.
"Même avec des hypothèses optimistes pour 2025, l'intensité des émissions de dioxyde de carbone devra chuter de 22% sur la période 2026-2030 pour atteindre l'objectif clé de la Chine dans l'accord de Paris", ajoute-t-il.
L'industrie freine
La Chine reste le plus grand émetteur mondial de gaz à effet de serre, responsable du changement climatique, mais elle investit aussi massivement dans les énergies renouvelables.
Elle prévoit d'atteindre son pic d'émissions de carbone d'ici 2030 et de parvenir à la neutralité carbone d'ici 2060.
Certains analystes avaient supposé que le ralentissement de la croissance et l'essor rapide des énergies renouvelables entraîneraient une baisse des émissions en 2024 en Chine.
Mais déterminer précisément un pic d'émissions nécessite plusieurs années de données et ne peut être confirmé qu'a posteriori.
Pour l'instant, la croissance du secteur industriel chinois, très consommateur en charbon, freine les progrès vers les objectifs climatiques du pays, estime Muyi Yang, analyste énergie pour l'Asie au sein du groupe de réflexion Ember.
"La forte expansion industrielle a fait grimper la demande énergétique à un rythme qui dépasse la mise en place d'infrastructures d'énergie propre", déclare-t-il à l'AFP.
La consommation totale d'énergie de la Chine l'an passé a augmenté de 4,3% par rapport à 2023, selon le BNS.
Le charbon, un polluant majeur, a fourni l'an passé plus de la moitié de l'énergie du pays, bien que l'utilisation des énergies renouvelables ait également enregistré une forte hausse.
Nouveaux objectifs
"La Chine approche rapidement du moment où toute la demande supplémentaire en électricité sera satisfaite par des sources d'énergie renouvelables", déclare Muyi Yang.
Une fois ce seuil franchi et la nouvelle demande couverte par le solaire, l'éolien et d'autres énergies renouvelables, "la production d'électricité à partir du charbon commencera à diminuer en valeur absolue", affirme-t-il.
La Chine devrait annoncer les détails de son 15e Plan quinquennal (2026-2030) plus tard cette année. Il inclura probablement des objectifs actualisés en matière d'émissions et d'énergie.
En février, le géant asiatique devait également soumettre à l'ONU de nouveaux objectifs d'émissions, appelés "contributions déterminées au niveau national" (CDN), dans le cadre de l'Accord de Paris.
Cette feuille de route climatique est censée mettre à jour ses objectifs et détailler ses plans jusqu'en 2035.
Comme de nombreux autres pays, la Chine a manqué cette échéance. Mais elle a indiqué qu'elle soumettrait ses objectifs dans le courant de l'année. Des responsables de l'ONU ont également déclaré s'attendre à recevoir la plupart des CDN plus tard en 2025.