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Une vingtaine de pays se sont engagés jeudi à Marrakech à coopérer avec le monde économique et les collectivités locales pour imaginer des sociétés débarrassées des gaz à effet de serre en 2050, perspective exigée par l'accord de Paris sur le climat.
L'exercice consiste à coucher sur le papier les réductions d'émissions de gaz à effet de serre envisagées secteur par secteur (transports, production d'énergie, industrie, agriculture) jusqu'en 2050, alors que les engagements pris par les Etats pour la COP21 à Paris vont jusqu'en 2025 ou 2030.
Ces analyses secteur par secteur seront un outil pour planifier quels investissements doivent être réaliser ces prochaines années dans la recherche et le développement et les infrastructures. L'objectif est de permettre aux pays de revoir à la hausse leur politique climatique, les engagements pris à ce stade ne permettant pas de limiter le réchauffement de la planète en dessous 2°C, une limite inscrite dans le pacte de Paris.
"Les Etats ont pris des engagements avant la COP21, mais ils l'ont fait de manière un peu isolée", a expliqué mercredi Laurence Tubiana, la négociatrice française en lançant une plateforme permanente de coopération entre les Etats, les collectivités locales et les entreprises, en marge des négociations de la COP22. "Nous voulons que grâce aux échanges avec les entreprises sur la disponibilité des technologies et l'évolution de leurs coûts, ils comprennent qu'ils peuvent être plus ambitieux", a-t-elle ajouté.
Les engagements des collectivités en matière de transports propres ou de normes de construction compatibles avec une économie "décarbonée" (sans émissions de CO2) viendront aussi soutenir les stratégies des Etats. "Cette plateforme sera cruciale pour réaliser les objectifs de l'accord de Paris", a jugé Laurence Tubiana, en présence de ministres d'Allemagne, du Royaume Uni, du Canada, du Pérou, du Costa-Rica, etc.
"Parvenir à la neutralité carbone en 2050 comme l'exige l'accord de Paris, cela implique d'autres choix technologiques" que ceux envisagés pour 2030, a souligné Jochen Flasbarth, le secrétaire d'Etat allemand à l'Environnement. "Nous apprendrons grâce à la plateforme et nous partagerons notre expérience", a affirmé Catherine McKenna, ministre de l'Environnement du Canada, pour qui cet outil "va permettre de donner plus de visibilité aux entreprises".
Déjà 22 pays (Brésil, Canada, Etats-Unis, France, Allemagne, Pérou, Grande-Bretagne, Nigeria, Chili, etc.) ont décidé d'en être membre, ainsi que 15 grandes villes (Rio, Paris, Melbourne, Yokohama, New York, Washington, Vancouver, etc.), 17 collectivités et près de 200 entreprises. Cette semaine, l'Allemagne, les Etats-Unis, le Canada et le Mexique ont pris une longueur d'avance et publié une première version de leur plan pour "décarboner" leur économie à l'horizon 2050.