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Un barrage financé par la Chine au Cambodge dans le cadre des "nouvelles routes de la soie" a affecté la vie de milliers de villageois, a déploré mardi l'ONG Human Rights Watch qui dénonce "un désastre" humanitaire.
Le barrage hydroélectrique Lower Sesan 2, l'un des plus grands d'Asie, a été construit à la confluence de deux affluents majeurs du Mékong, dans le nord-est du Cambodge.
Lorsque les zones en amont ont été inondées, "cela a bouleversé les vies et détruit les moyens de subsistance de communautés autochtones et de minorités ethniques" qui dépendaient de la pêche, de la cueillette et de l'agriculture, selon un rapport publié par Human Rights Watch (HRW).
Beaucoup de familles qui vivaient dans cette zone depuis des générations ont par ailleurs été déplacées, mal indemnisées, relogées dans des sites "médiocres". D'autres n'ont même pas été dédommagées, ajoute l'ONG.
Sollicité par l'AFP, le porte-parole du gouvernement cambodgien, Phay Siphan, a défendu Lower Sesan 2, affirmant qu'il avait eu "les effets les plus positifs" et que les villageois réinstallés avaient de nouvelles maisons, des terres agricoles et de l'électricité.
Le barrage fait partie de l'initiative des "nouvelles routes de la soie", un gigantesque programme d'infrastructures international lancé par le président chinois Xi Jinping en 2013.
Beaucoup de ces projets en Asie et ailleurs ont été critiqués par des ONG pour leur opacité et leurs potentielles conséquences négatives sur l'environnement et les communautés locales.
Pékin avait affirmé que Lower Sesan 2 pouvait à terme fournir un sixième de la production annuelle d'électricité du Cambodge.
Mais "la production réelle semble probablement être inférieure de moitié", assure HRW.
Les impacts de ce barrage, dont la construction a coûté quelque 780 millions de dollars financés en majorité par des banques chinoises, ne se limitent pas au Cambodge.
Cet ouvrage "contribue de manière significative aux problèmes plus vastes auxquels le Mékong est actuellement confronté", relève Brian Eyler du centre de réflexion américain Stimson Center et auteur des "Derniers jours du puissant Mékong", cité dans le rapport.
Avec plus de 4.800 kilomètres de long, ce fleuve abrite la biodiversité aquatique la plus importante du monde après l'Amazone, avec notamment 1.300 espèces de poissons. Et il est vital pour la survie de dizaines de millions de personnes en Asie du Sud-Est.
Des dizaines de barrages ont déjà été construits par Pékin en Chine, au Laos et au Cambodge sur le fleuve et ses affluents.
En contrôlant le débit en amont, les autorités chinoises possèdent un énorme moyen de pression, ouvrir ou refermer les valves, dénoncent des ONG de défense de l'environnement.