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L'Autorité de la concurrence préconise mardi d'améliorer la transparence tarifaire des bornes de recharge pour véhicules électriques qu'elle juge actuellement "particulièrement opaque", dans un avis sur le fonctionnement de ce secteur en plein développement et aux acteurs multiples.
40 recommandations
L'institution, qui s'était autosaisie en février 2023 afin d'examiner le "fonctionnement concurrentiel des infrastructures de recharge pour véhicules électriques (IRVE)", formule 40 recommandations à destination des pouvoirs publics, des régulateurs et des acteurs du secteur.
L’Autorité rend son avis sur le fonctionnement concurrentiel des bornes de recharge pour véhicules électriques (IRVE) qui s'appuie notamment sur les réponses à la consultation publique & les travaux de @CRE_energie & @ART_transportshttps://t.co/4SRUJ7NoBAhttps://t.co/7tfugSJKxlpic.twitter.com/PGuFF6yUSC
— Autorité de la Concurrence (@Adlc_) June 11, 2024
Dans ce marché "nouveau" et "central dans la transition écologique", qui compte environ 400 opérateurs de recharge et 90 opérateurs de mobilité actuellement actifs, en France, "notre intervention est utile pour identifier d'éventuels problèmes de concurrence (...) avant qu'il ne soit trop tard", a expliqué le président de l'Autorité, Benoît Coeuré, lors d'une conférence de presse.
Dans son avis, le gendarme français de la concurrence constate notamment "un déficit informationnel des consommateurs" concernant le tarif de la recharge, à la fois avant de recharger pour comparer les prix mais aussi "pour connaître le prix effectivement payé".
« Opacité financière »
Les différents modes de recharge sur une même borne (avec ou sans abonnement et selon les opérateurs) "participent à cette opacité financière", tout comme les paramètres variés du prix de la recharge (à la minute, au kilowattheure, éventuels frais) et leurs variables (puissance de la borne, caractéristiques du véhicule), déplore l'Autorité de la concurrence.
Une étude de l'association UFC-Que choisir a récemment attiré l'attention sur des tarifs fortement variables entre deux usagers sur une même borne, en fonction des abonnements qu'ils ont ou non souscrits.
Une proposition de loi transpartisane, présentée en février, entendait également contraindre les opérateurs à mieux informer les usagers sur les tarifs des bornes de recharge et à généraliser la possibilité de payer par carte bancaire. Elle souhaitait aussi obliger les gestionnaires d'autoroutes à installer des panneaux sur les bords de routes pour informer les usagers des tarifs, sur le modèle de ce qui se fait pour les prix à la pompe.
Expérimenter un affichage en amont de la station
L'Autorité de la concurrence recommande dans son avis "d'imposer" aux opérateurs "une tarification de la recharge au kWh (kilowattheure)", ainsi que la transmission et la "mise à jour en temps réel, par point de recharge" de ces tarifs dans la base de données gouvernementale actuelle.
L'Autorité suggère également d'expérimenter l'affichage du prix de la recharge "en amont de la station et aux entrées principales d'autoroutes", comme pour les carburants.
Le gendarme de la concurrence préconise aussi "d'obliger" les opérateurs à "procéder, à la fin de toute session de recharge, à l'affichage instantané du prix effectivement payé par l'utilisateur du véhicule électrique sur la borne". "Si cette intensification de la transparence tarifaire pourrait accroître le risque de collusion sur le marché, l'information du consommateur prime aujourd'hui, dans ce secteur émergent", considère l'Autorité de la concurrence.
La France vise 400 000 points de recharge installés en 2030 contre 100 000 en 2023.