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La hausse de la production de carburants d'aviation durables (SAF) en 2024 s'avère inférieure aux projections, a regretté mardi la principale association de compagnies, dont les membres comptent majoritairement sur ces produits pour décarboner leurs activités.
0,7% du carburant consommé par les avions
En 2024, la production de ces carburants d'origine non fossile ("sustainable aviation fuels", SAF en anglais) atteindra 1,3 milliard de litres contre 600 millions en 2023, a souligné l'Association internationale du transport aérien (Iata) dans un communiqué.
Lors de précédentes projections, en juin, l'Iata tablait pour 2024 sur une production de 1,9 milliard de litres de ces carburants, issus par exemple de la biomasse ou d'huiles usagées.
En effet, "des unités de production de SAF aux États-Unis ont repoussé la hausse de leur production au premier semestre 2025", a expliqué l'Iata selon qui l'année prochaine la production devrait à nouveau doubler à 2,7 milliards de litres. Cela ne représentera cependant que 0,7% du carburant consommé par les avions, au moment où l'Iata s'attend à un nombre record de passagers aériens, 5,2 milliards, l'année prochaine.
« Le problème, c'est la production »
"Décevants", selon l'Iata, ces chiffres "renforcent notre message, le problème ne vient pas de la demande" des compagnies aériennes, a déclaré à l'AFP le directeur général de l'association, Willie Walsh : "le problème, c'est la production".
"Les grandes sociétés pétrolières (...) n'ont pas fait les investissements nécessaires. C'est une source de frustration et de grande inquiétude pour nous, parce qu'il est dans l'intérêt de tout le monde que nous parvenions à une transition vers zéro émission nette" de CO2, a ajouté M. Walsh.
Le secteur aérien, qui contribue actuellement à quelque 3% des émissions mondiales de CO2, s'est engagé à "zéro émission nette" à l'horizon 2050 et compte à 65% sur les SAF pour atteindre ces objectifs, le solde des réductions étant obtenu par de nouvelles technologies, dont l'avion à hydrogène, une optimisation des activités au sol et dans les airs, et des compensations carbone.
Encore embryonnaire, la production de SAF progresse très vite, puisqu'elle n'était que de 25 millions de litres en 2019, selon l'Iata, qui fédère 340 compagnies revendiquant 80% du trafic aérien mondial. L'objectif 2050 "n'est pas en danger à l'heure actuelle. Mais si cette tendance (de croissance insuffisante) se perpétue au-delà de 2030, je serai inquiet", a ajouté Willie Walsh, en appelant les gouvernements à davantage soutenir la production de ces carburants.