Avec l'union ConocoPhillips/Marathon Oil, le secteur pétrolier américain se concentre davantage

  • AFP
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L'industrie pétrolière et gazière américaine poursuit sa consolidation avec une nouvelle fusion d'envergure: le géant ConocoPhillips a dévoilé mercredi une offre pour s'emparer de Marathon Oil, valorisé 22,5 milliards de dollars dette comprise, qui doit le renforcer dans les hydrocarbures de schiste.

Tandis que la pression s'intensifie à travers le monde pour un abandon des énergies fossiles, les grands groupes américains se sont lancés depuis 2023 dans une vague d'opérations allant à contre-courant de la transition énergétique.

ExxonMobil a mis la main sur Pioneer Natural Resources pour 60 milliards de dollars, Occidental Petroleum a proposé 12 milliards pour absorber CrownRock et APA Corporation a annoncé le rachat de Callon Petroleum pour 4,5 milliards de dollars. Le groupe gazier EQT a versé 5,5 milliards de dollars pour reprendre son ancienne filiale Equitrans Midstream Corporation, opérateur d'un important gazoduc du nord-est des Etats-Unis.

Par ailleurs, Chevron veut débourser 53 milliards de dollars pour s'emparer de Hess, dont les actionnaires ont donné leur consentement mardi.

Mais cette transaction reste incertaine: une procédure d'arbitrage avec ExxonMobil est en cours concernant l'immense champ pétrolier Stabroek Block (Guyana). S'il n'obtient pas satisfaction, Chevron a indiqué qu'il pourrait renoncer à Hess.

Ces opérations visent à développer leurs activités pétrolières et gazières aux Etats-Unis et à l'étranger. C'est également la motivation de l'union annoncée mercredi.

Avec Marathon, ConocoPhillips va se renforcer dans des régions américaines riches en pétrole et en gaz de schiste comme les bassins Bakken (nord) et permien (sud).

Vers 16H40 GMT, l'action Marathon bondissait de 8,07% et celle de ConocoPhillips reculait de 3,95% à la Bourse de New York.

« Complémentaires »

L'acquisition permettra "d'ajouter des surfaces très complémentaires au portefeuille onshore de ConocoPhillips aux Etats-Unis, avec deux milliards de barils de ressources supplémentaires", ont précisé les deux entreprises texanes.

Quelque 500 millions de dollars d'économies sont attendues la première année suivant la finalisation de l'opération, prévue au quatrième trimestre.

"Nous anticipons un potentiel de synergies importantes", a commenté Ryan Lance, PDG de ConocoPhillips, cité dans un communiqué.

Selon lui, la transaction aura un "effet positif immédiat" sur les résultats, les flux de trésorerie et le bénéfice par action.

Pour Neil Saunders, directeur de GlobalData, cette opération "n'est pas une surprise car elle est dans la continuité de la vague de consolidation de l'industrie".

Elle doit permettre à ConocoPhillips, souligne-t-il, "d'augmenter sa capacité de production et ses réserves et de lui donner un accès plus vaste à des régions favorables pour la production".

Ce mariage "dopera la production de ConocoPhillips de 31% (par rapport au premier trimestre 2024) et les réserves prouvées de 20%", a relevé Stewart Glickman, analyste de CFRA Research, soulignant que ConocoPhillips allait améliorer sa diversification géographique et ainsi réduire les risques potentiels liés au bassin permien.

L'opération reste soumise à l'approbation des actionnaires de Marathon et des autorités réglementaires.

"Nous nous attendons à ce que ce soit une intégration sans heurt", a commenté Andy O'Brien, vice-président chargé de la stratégie, lors d'une audioconférence avec des analystes.

"La plupart des transactions dans le pétrole ont eu libre cours ces dernières années, donc (l'autorité de la concurrence) ne devrait pas être un obstacle trop important à franchir", a abondé Neil Saunders.

Dans le détail, l'accord prévoit 0,255 action de ConocoPhillips par action de Marathon, soit une prime de 14,7% par rapport au cours de clôture de mardi.

Au total, cela représente 22,5 milliards de dollars y compris 5,4 milliards de dette nette.

Impact environnemental

La nouvelle entité compte racheter l'équivalent de plus de 20 milliards de dollars de ses propres actions sur trois ans, dont sept milliards dès la première année.

Ce qui devrait "plus que compenser les nouvelles actions émises pour cette transaction", a relevé M. Glickman.

Ryan Lance a précisé aux analystes qu'environ 144 millions d'actions allaient être émises pour financer le rachat.

De nombreux comtés et Etats américains, notamment la Californie, ont lancé des poursuites en justice contre des groupes liés aux énergies fossiles en raison de leur impact environnemental.

Les actionnaires d'ExxonMobil ont reconduit mercredi les douze membres du conseil d'administration -avec une moyenne de 95% (96% en 2023)-, après des contestations liées au changement climatique.

Le groupe, qui assume investir dans l'exploitation des hydrocarbures malgré leur impact sur le climat, a bouclé en novembre l'achat de Denbury, spécialiste de la captation de CO2.

Mais cette opération lui a aussi apporté des activités dans le pétrole et le gaz naturel, représentant des réserves estimées à plus de 200 millions de barils de pétrole à fin 2022.

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