Attaque au Mozambique: Palma aux mains des jihadistes

  • AFP
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La ville de Palma, située dans le nord-est du Mozambique à seulement dix kilomètres du mégaprojet gazier piloté par le groupe français Total, est tombée aux mains des jihadistes à l'issue de trois jours de combats, a-t-on appris samedi auprès de sources sécuritaires.

"Les forces gouvernementales se sont retirées de Palma" la nuit dernière, a affirmé à l'AFP l'une de ces sources. "Palma est tenue par les assaillants", a ajouté une autre source qui a requis l'anonymat.

La province musulmane de Cabo Delgago, frontalière de la Tanzanie et riche en gaz naturel, est confrontée à une violente guérilla depuis plus de trois ans. Palma, où des milliers de personnes fuyant ces violences ont trouvé refuge, compte actuellement 75.000 habitants.

Mercredi après-midi, ces groupes jihadistes ont lancé une attaque d'envergure contre la ville, simultanément sur trois fronts, le jour même où le géant français annonçait la reprise des travaux du site d'exploitation gazière, censé être opérationnel en 2024.

Selon plusieurs experts, vu l'ampleur de l'attaque et sa préparation minutieuse, il semble peu probable qu'elle soit liée à l'annonce de Total.

Le géant énergétique français, qui "ne déplore pas de victime" sur le site d'Afungi, a pris la décision de "réduire au strict minimum le personnel" du site pour des raisons de sécurité.

"La remobilisation du projet qui était envisagée en début de semaine est bien sûr suspendue", a ajouté Total dans un communiqué samedi soir.

- Piégés dans un hôtel -

A Palma, "presque tout a été détruit et beaucoup de gens sont morts", affirmait vendredi à l'AFP un salarié du site gazier évacué, sans autre détail sur les victimes ou leur nationalité.

Plusieurs personnes ont été tuées, affirme l'ONG Human Rights Watch, citant des témoins qui ont "vu des corps dans les rues". Parmi eux, au moins un Sud-Africain, a confirmé Pretoria.

L'attaque surprise mercredi a fait fuir des centaines de gens terrifiés vers la forêt environnante tandis que des travailleurs liés à la construction du complexe gazier, parmi lesquels des étrangers, se réfugiaient à l'intérieur du site voisin mais aussi dans un hôtel de Palma.

Quelque 180 personnes y ont passé plus de 48 heures infernales, sans savoir s'ils seraient secourus, dans le boucan des hélicoptères survolant la zone. Vendredi, en fin de journée, ils ont enfin été évacués mais plusieurs ont ensuite été tués dans une embuscade. Au moins sept selon la presse locale, un bilan impossible à confirmer dans l'immédiat.

Les circonstances de cette évacuation restaient confuses. Et la communication via téléphone portable particulièrement aléatoire dans la zone.

Un premier groupe de 80 personnes a quitté l'hôtel Amarula à bord de 17 camions de l'armée, selon une source sécuritaire qui participe aux opérations. Mais "le convoi a été attaqué peu après avoir quitté l'hôtel. Plusieurs personnes ont été tuées, la plupart ont réussi à s'échapper", a affirmé cette source.

- Villageois décapités -

Seuls sept camions sont sortis de la zone de conflit, signifiant que le sort de dizaines d'évacués restait encore inconnu samedi soir.

La centaine d'autres assiégés, aux abois, ont quitté l'hôtel à pied pour rejoindre la plage. Les militaires les ont trouvés là, en pleine nuit, et les ont évacués en bateau.

"Il n'y a plus personne dans l'établissement", a confirmé un employé de l'hôtel joint au téléphone par l'AFP samedi.

Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, qui n'a pas pu être vérifiée, l'un des assiégés de l'hôtel, un homme visiblement ému, s'est filmé pendant le siège, mâchoire serrée: "Nous ne savons pas si nous allons être sauvés", dit-il face à son téléphone portable. Comme le SOS d'un naufragé.

Les groupes armés jihadistes, qui ont fait allégeance au groupe Etat islamique en 2019, ont incendié de nombreux villages et pratiquent la décapitation à grand échelle pour terroriser la population.

Ils ont déjà forcé plus de 670.000 personnes à quitter leur foyer, selon l'ONU, et le conflit a fait au moins 2.600 morts, selon l'ONG Acled.

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