ArcelorMittal va « verdir » son acier français en remplaçant trois hauts-fourneaux

  • AFP
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Après l'Espagne, la Belgique et le Canada, le plus grand sidérurgiste mondial ArcelorMittal va « verdir » son acier en France, en investissant, avec l'aide de l'Etat, 1,7 milliard d'euros à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) et Dunkerque (Nord), usine où est attendu le Premier ministre Jean Castex vendredi.

Sur ces deux sites, qui représentent à eux seuls, 25% des émissions industrielles de gaz à effet de serre en France, ArcelorMittal va fermer trois haut fourneaux au charbon, pour les remplacer par des fours électriques et des techniques de réduction du fer à base d'hydrogène à partir de 2027.

Les émissions de carbone évitées par ce projet représentent à elles seules 10% des émissions industrielles françaises, fait valoir le gouvernement. "C'est clairement le plus gros investissement d'ArcelorMittal en France depuis la construction des deux usines de Dunkerque et Fos-sur-mer, ce qui signifie une pérennité pour la production d'acier en France et en Europe", a déclaré à l'AFP Eric Niedziela, président d'ArcelorMittal France et vice-président Action Climat d'ArcelorMittal Europe.

Le groupe est resté discret sur les conséquences sociales immédiates du projet. "Dans les cinq prochaines années, (...) tout autour de l'écosystème, il va y avoir de la production d'hydrogène et d'électricité, ce qui va augmenter l'emploi dans les bassins dans lesquels nous investissons" a indiqué M. Niedziela. ArcelorMittal a passé un accord avec Air Liquide pour la production d'hydrogène à Dunkerque.

Le groupe prévoit aussi de "faire évoluer" les compétences des salariés employés sur les outils qui vont s'arrêter vers les techniques des fours électriques et les techniques du gaz notamment, a ajouté M. Niedziela. L'investissement d'ArcelorMittal fait partie d'une enveloppe de 10 milliards de dollars annoncée l'an dernier au plan mondial par le groupe pour réduire son empreinte carbone.

La fabrication de l'acier est particulièrement émettrice de gaz à effet de serre et réchauffante pour la planète, représentant 7% des émissions mondiales de dioxyde de carbone (CO2). En cause, le charbon, qui est utilisé de deux façons pour produire de l'acier : pour purifier le minerai de fer, et pour chauffer et atteindre les très hautes températures requises dans les fours.

À Dunkerque, le sidérurgiste va construire une nouvelle usine dite de "réduction directe", où le charbon sera remplacé par l'hydrogène pour purifier le minerai de fer de son oxygène. Cette unité sera couplée à un four électrique ainsi qu'à un autre four électrique additionnel.

À Fos-sur-Mer, ArcelorMittal va installer un four électrique lui permettant de se spécialiser dans la production d'acier recyclé, ce qui fait baisser son taux d'émission de dioxyde de carbone par rapport à un acier neuf.

Aides publiques

Pour remplir ses objectifs climat, le groupe privilégie trois axes :

  •  Remplacer le charbon par de l'hydrogène dit "vert", produit à partir d'énergies renouvelables, dans des unités de réduction directe à hydrogène, et ensuite recourir à l'électricité pour faire fondre le fer et obtenir de l'acier ;
     
  • Augmenter les volumes d'acier recyclé ;
     
  • Capter le carbone sortant des haut fourneaux restant pour le recycler, le réutiliser ou le séquestrer, une technologie embryonnaire dans le monde mais considérée comme indispensable dans certains secteurs pour parvenir à la neutralité carbone d'ici 2050 dans le monde.

Pour mettre en place son projet, l'industriel recevra des aides publiques issues du plan d'investissement France 2030, et négocie aussi parallèlement avec Bruxelles.

Au total, l'Etat consacrera une enveloppe de 5,6 milliards d'euros sur les 34 milliards de France 2030 pour aider trois secteurs très polluants à émettre moins de CO: acier-aluminium, chimie et ciment, selon un mécanisme d'attribution innovant en Europe, a précisé Matignon jeudi soir.

De fait, l'État achètera des tonnes de carbone non émises par des industriels grâce à leurs projets de décarbonation. Ce mécanisme "vise à acheter les tonnes de carbone abattues dans un cadre concurrentiel et au meilleur prix", a-t-on ajouté de même source.

Commentaires

Régis de Nimes
Réindustrialisation écologiquement soutenable de la France, remise en cause de la libéralisation de l'énergie engagée en 1996, pôle public de l'énergie avec EDF/Engie nationalisés pour offrir une électricité pilotable, décarbonée, pas chère aux foyers et aux entreprises , lancement d'un moins 6 EPR, relance du projet Astrid, poursuite du projet ITER, fin de la loi Nome et de l'Arenh; Heureusement certains candidats cochent toutes les cases...
@Vlady
"les aides publiques" -- çàd. nos impôts -- vont permettre aux "super capitalistes" d ' arrondir leurs "fins de mois " MDR ..... quand on sait les dégâts sociaux provoqués par la "libéralisation" du secteur sidérurgique , on aura payé deux fois !! Bravo pour l ' Europe et ses choix !! Les objectifs de la CECA sont bien loin ...

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