Révision de la PPE : EDF expose sa vision pour le nucléaire français

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Parc nucléaire français

Vue aérienne des 2 réacteurs de 915 MW de la centrale de Saint-Laurent-des-Eaux, dans le Loir-et-Cher (©photo)

EDF présente sa « vision industrielle et économique » dans son cahier d’acteur publié le 23 mai dans le cadre du débat public sur la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). L’électricien y confirme entre autres son souhait de ne pas fermer de nouveau réacteur (après la centrale de Fessenheim) avant 2029.

Pas « d’effet d’éviction entre nucléaire et renouvelables »

Selon les termes d’EDF, le parc nucléaire français fournit « une production sûre, compétitive, décarbonée, exportatrice, adossée à un tissu industriel important (220 000 emplois) ». Sans surprise, l’exploitant de l’ensemble des 58 réacteurs dudit parc défend également l’idée que celui-ci doit accompagner « la montée en puissance des renouvelables », sans « effet d’éviction » au détriment du nucléaire.

Dans son cahier d’acteur, EDF réaffirme notamment sa « capacité » à exploiter ses réacteurs jusqu’à une durée de 60 ans, sous contrôle de l’autorité de sûreté nucléaire (ASN). Le groupe envisage toutefois certaines fermetures avant cette échéance pour éviter « la perte rapide de dizaines de GW de capacités, concentrée sur quelques années ». Des arrêts sont ainsi évoqués aux échéances des cinquièmes visites décennales, soit « à partir de 2029 ».

Si la fermeture de la centrale de Fessenheim n’est pas évoquée dans le cahier d’acteur, elle a d’ores et déjà été actée (elle doit intervenir à la mise en service de l’EPR de Flamanville, a priori début 2019) par la puissance publique dont « relèvent évidemment les décisions d’évolution du mix de production », indique EDF.

L’électricien français appelle toutefois à « un engagement rapide » en faveur du développement du « nucléaire nouveau » pour anticiper un renouvellement des réacteurs actuels qui seront arrêtés d’ici à 2050. EDF fixe pour horizon « une première mise en service d’une nouvelle centrale en 2030 ou peu après […] sans remettre en cause la perspective de baisse des capacités nucléaires installées dans le pays ».

Pour rappel, le parc nucléaire français, dont la puissance installée avoisine 63,1 GW, a compté pour 71,6% de la production électrique française en 2017, avec une production de 379,1 TWh (en baisse en 2017 en raison d’arrêts forcés de plusieurs tranches lors des premiers mois de l’année). Nicolas Hulot a décidé en novembre 2017 de reporter l’objectif de la loi de transition énergétique de diminuer cette part dans le mix électrique français à hauteur de 50% à l’horizon 2025.

Mix électrique français
La production d’électricité en France reste « décarbonnée » à près de 90% en 2017 malgré la progression des énergies fossiles dans le mix. (©Connaissance des Énergies, d’après RTE)

Une forte électrification mais une faible hausse de la demande

Évoquant à plusieurs reprises l’objectif de neutralité carbone de la France à l’horizon 2050, EDF plaide pour « éliminer d’ici à 2050 les quelques % des émissions du pays issus des centrales utilisant charbon et gaz naturel ». Le Plan Climat, présenté par Nicolas Hulot à l’été 2017, prévoit la fermeture des dernières centrales à charbon en France d’ici à 2022 (1,8% de la production électrique française en 2017).

L’électricité ne compte actuellement que pour environ un quart des consommations finales d’énergie en France mais EDF voit ce vecteur « jouer le premier rôle » pour atteindre l’objectif de neutralité carbone. L’énergéticien envisage une électrification « sensible », rappelant que l’AIE partage cette vision au niveau mondial. Outre la substitution de l’électricité (décarbonée) aux combustibles fossiles, la décarbonation passera selon EDF par « plus d’efficacité énergétique ». À ce titre, l’électricien prévoit en France « une hausse modeste de la consommation d’électricité sur les deux prochaines décennies, entre 0 et 0,5% par an ».

Dans le domaine des transports (secteur comptant pour 30% de la consommation d’énergie finale et 45% des émissions de gaz à effet de serre), EDF constate la compétition ouverte entre les batteries électriques et la mobilité hydrogène, en pointant les « transformations supplémentaires (électrolyse et pile à combustible) » induites par cette dernière.

Pour rappel, la PPE est le principal outil de pilotage de la politique énergétique française avec la stratégie nationale bas-carbone. Cette feuille de route doit être révisée d’ici à fin 2018 et fixer des objectifs pour les périodes 2019-2023 et 2024-2028. Un débat public est actuellement en cours jusqu’au 30 juin.

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