L'Agence des participations de l'Etat fête ses 20 ans avec 180 milliards d'euros en portefeuille

  • AFP
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Renationalisation d'EDF, renflouement d'Air France-KLM, rachat en cours des activités les plus sensibles d'Atos, ... Le patron de l'Agence des participations de l'Etat (APE), Alexis Zajdenweber, dresse le bilan de cette administration incarnant depuis 20 ans l'Etat actionnaire, dans un entretien à l'AFP.

Question: A combien est évaluée la valeur totale du portefeuille de 85 entreprises de l'APE?

Réponse: "Elle était de l'ordre de 180 milliards d'euros au 30 juin 2024 (contre 153 milliards fin juin 2023, NDLR). Une partie de notre portefeuille est constituée de société cotées dont le rendement total pour l'actionnaire a été de 4,6% (contre 4,2% pour le CAC 40)."

Q: Comment l'APE a-t-elle évolué en 20 ans?

R: "(Il y a eu) une professionnalisation de l'incarnation de l'Etat actionnaire.

Avec les grandes crises qui ont traversé notre pays - la guerre en Ukraine, la crise énergétique - (il y a eu) une relégitimation d'un État actionnaire source de stabilité, en mesure d'intervenir dans des domaines où la souveraineté du pays est en jeu.

Le long terme est une des caractéristiques de l'Etat comme actionnaire, sa stabilité, sa capacité à faire face en cas de crise. C'est pour cela qu'on investit beaucoup désormais sur le sujet de l'innovation, en raison de cette capacité à avoir une vue stratégique sur le temps long.

(Nous avons également) la capacité à mobiliser dans certains cas des capacités financières très importantes, on l'a vu au moment du Covid. L'Etat n'a pas des moyens illimités, bien sûr, et l'Etat actionnaire, comme l'ensemble des services de l'Etat, se doit d'être sobre et économe des deniers publics."

Q: Quels sont les secteurs privilégiés par l'APE?

R: "Le périmètre a évolué au gré des cessions, des privatisations, en particulier dans les premières années de sa création (avec) des secteurs dont on s'est petit à petit désengagé, (notamment) le secteur financier et les autoroutes.

Ces dernières années, le portefeuille s'est enrichi de nouvelles entreprises. Mais il y a aussi une grande permanence puisque la plupart des grandes entreprises du portefeuille de l'APE sont des entreprises dont l'État était déjà actionnaire il y a 20 ans.

L'énergie est historiquement un de nos grands domaines de présence (EDF, Engie, Orano, la filière nucléaire), comme le secteur de la défense et de l'aéronautique, les transports (SNCF notamment).

Le numérique occupe aussi une place particulière dans les opérations annoncées, c'est le reflet de ce que le numérique occupe une place croissante dans nos économies."

Q: Quels principes encadrent l'intervention de l'Etat actionnaire?

R: "En 2017, nous avons redéfini les bases (...) de nos interventions autour de trois grandes catégories d'entreprises: celles qui sont essentielles à la souveraineté nationale; les grandes entreprises qui jouent un rôle pour l'intérêt général; plus rarement, les entreprises en difficulté qui présentent par leur taille, leur position, leur rôle, un risque systémique.

Nous sommes dans une approche pragmatique: l'Etat intervient lorsque l'investisseur privé ne peut pas ou ne veut pas jouer un rôle comme l'Etat le juge nécessaire.

Notre rôle est de participer activement à la gouvernance des entreprises autour de trois grands axes. La performance financière, opérationnelle et extra-financière (parité des instances dirigeants, responsabilité sociale et environnementale, etc.).

Le deuxième axe est celui de la résilience, qui a trouvé tout son sens à l'occasion des grandes crises. Elle nous amène à être vigilants sur la solidité financière des entreprises, la solidité de leur chaîne de valeur, leur capacité à se défendre contre des attaques (cybersécurité).

Enfin, l'enjeu de la responsabilité. Nous souhaitons que nos entreprises soient responsables, voire exemplaires, dans un certain nombre de domaines - questions environnementales, enjeux sociaux ou en matière d'emploi par exemple."

Q: Alors que les finances publiques sont mal en point, quelle logique préside aux cessions?

R: "Le nombre, l'importance et le champ des cessions se sont réduits ces dernières années. C'est la conjonction de plusieurs facteurs: des facteurs conjoncturels dans un univers marqué par des fortes crises; la question la souveraineté. La perception de ce qui est une entreprise dans laquelle l'État doit rester actionnaire s'est sans doute étendu aussi avec ces crises, réduisant le champ de ce qui était cessible."

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