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Après avoir construit sa fortune grâce aux énergies fossiles, le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky a multiplié les investissements dans des pays et secteurs variés, comme en témoignent ses projets d'acquisition de Royal Mail et Atos.
Industrie et énergie
Malgré sa diversification ces dernières années, l'industrie pèse encore lourd dans le groupe de l'homme d'affaires dont la fortune est estimée à 9,3 milliards de dollars par Forbes.
Son empire industriel s'est étendu fin avril, avec l'acquisition de 20% des activités sidérurgiques du groupe allemand Thyssenkrupp. L'obtention de 30% supplémentaires du capital est envisagée à terme.
Avec sa holding spécialisée dans l'énergie, EPH, qu'il a contribué à créer en 2009, Daniel Kretinsky détient l'un des plus gros groupes énergétiques d'Europe avec plus de 70 entreprises dans plusieurs pays, dont la France. En 2022, EPH a enregistré un bénéfice net de près de 3,8 milliards d'euros.
Historiquement lié au charbon, dont il ambitionne d'être presque sorti à partir de 2025, le groupe s'est diversifié et est désormais présent dans "la distribution d'électricité et de gaz, le transport et le stockage de gaz, la production de chaleur et d'électricité", selon un document de présentation du groupe.
En 2019, EPH avait racheté les activités françaises du groupe d'énergie allemand Uniper, parmi lesquelles figuraient deux centrales à charbon françaises.
La holding, qui détient aussi deux centrales à gaz aux Pays-Bas, avait annoncé en juin 2022 être devenue la première entreprise tchèque en termes de chiffre d'affaires, devant le constructeur automobile Skoda.
Services et distribution
Daniel Kretinsky se positionne pour acquérir l'opérateur postal britannique Royal Mail, dont il possède déjà une partie du capital en plus de celui de son homologue néerlandais Post.nl.
Mercredi, le conseil d'administration d'IDS, maison mère de Royal Mail, a accepté l'offre ferme de rachat à 3,6 milliards de livres (4,2 milliards d'euros).
Atos est aussi dans le viseur de l'entrepreneur: celui-ci a soumis, conjointement avec Attestor, une offre de 1,9 milliard d'euros pour reprendre "l'ensemble du périmètre" du groupe informatique français endetté, après avoir un temps convoité l'activité d'infogérance.
Par ailleurs, au terme d'une restructuration massive de sa dette, le groupe Casino a été repris en avril par un consortium emmené par Daniel Kretinsky, déjà deuxième actionnaire et dans le capital depuis 2019, l'homme d'affaires Marc Ladreit de Lacharrière et le fonds britannique Attestor.
Dans la distribution, le Tchèque était déjà devenu le premier actionnaire de Fnac Darty en 2023.
Il détient également plus de 40% des droits de vote dans le capital du distributeur allemand Metro, en plus d'une participation dans le géant britannique des supermarchés Sainsbury's et d'une part de 12% dans le spécialiste américain des baskets Foot Locker.
Empire médiatique
Avec Czech Media Invest (CMI), Daniel Kretinsky crée au milieu des années 2010 un petit empire médiatique dans son pays.
Inconnu en France, le magnat tchèque arrive sur le marché français avec fracas en 2018 via sa filiale en rachetant au groupe Lagardère Active les publications Elle, Télé 7 Jours, France Dimanche, Ici Paris et Public (cédé récemment à Heroes Media)
Sur sa lancée, il entre au capital du groupe Le Monde fin 2018. Il prend 49% des parts du banquier Matthieu Pigasse dans Le Monde libre (LML), société qui contrôle le journal, jusqu'en septembre 2023 où il cède ses parts à Xavier Niel.
CMI France veut désormais se séparer de l'hebdomadaire Marianne, dans lequel il a investi 20 millions d'euros depuis son acquisition en 2018. Le groupe envisage de le vendre au groupe Otium de Pierre-Edouard Stérin, avec qui il est en "négociation exclusive" depuis mi-mai.
La filiale est également propriétaire du magazine trimestriel Usbek & Rica et détient plus de 40% du studio de podcasts Louie Media et du média vidéo Loopsider.
L'entrepreneur tchèque a enrichi ce portefeuille avec l'acquisition de 100% en novembre du groupe d'édition Editis auprès du géant français des médias Vivendi.
Par ailleurs, Daniel Kretinsky a dit posséder, via sa société luxembourgeoise Vesa Equity Investment, environ 5% du capital et des droits de vote du groupe TF1.
En septembre 2022, l'homme d'affaires a volé au secours du quotidien Libération, le renflouant à hauteur de 15 millions d'euros, sans pour autant en devenir actionnaire.
Amateur de football, Daniel Kretinsky détient de longue date le club tchèque Sparta Prague et, depuis fin 2021, 27% du club londonien de Premier League West Ham.
