A Bakou, l'attente d'un accord financier géant pour le climat

  • AFP
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L'Union européenne, premier bailleur mondial pour le climat, a relevé samedi le niveau d'engagement financier des pays riches qu'elle est prête à soutenir dans un grand accord à la conférence de l'ONU à Bakou, alors que le démontage de la COP29 a commencé.

Une relative confusion règne samedi matin au stade de Bakou, après une nuit blanche de consultations.

La présidence azerbaïdjanaise du sommet prévoit désormais de publier vers 14H00 (10H00 GMT) son ultime proposition de compromis, avant de le soumettre à l'approbation des près de 200 pays réunis ici vers 18H00 (14H00 GMT), soit 24 heures après la fin théorique de la conférence.

Une première proposition des pays riches d'augmenter leur engagement climatique pour les pays plus pauvres de 100 milliards de dollars par an aujourd'hui à 250 milliards d'ici 2035 a été rejetée vendredi par la plupart des pays en développement.

L'Union européenne soutient désormais un relèvement à 300 milliards annuels, ont confirmé deux sources au sein de délégations à l'AFP. Mais les Européens exigent que ce chiffre s'accompagne d'autres avancées sur d'autres aspects d'un compromis final. En particulier, l'UE pousse pour une revue annuelle des efforts de réduction des gaz à effet de serre, s'opposant à la résistance de pays comme l'Arabie saoudite.

"Il y a eu un effort extraordinaire des Saoudiens pour qu'on obtienne rien", s'étrangle un négociateur européen.

Les pays en développement sont pour l'instant "dans le noir", confie Adonia Ayebare, président de l'alliance de pays en développement G77+Chine.

"Je ne suis pas optimiste", dit à l'AFP le ministre de l'Environnement de Sierra Leone, Jiwoh Abdulai.

- Pression des ONG -

Le premier chiffre publié vendredi a été jugé "inacceptable" par les pays africains au regard des catastrophes qu'ils subissent et de leurs énormes besoins d'investissement en énergies bas carbone. Les petits Etats insulaires ont dénoncé le "mépris" pour leurs "peuples vulnérables".

Ils ont calculé qu'avec l'inflation, l'effort financier réel des pays concernés (Europe, Etats-Unis, Canada, Japon, Australie, Nouvelle-Zélande) serait bien inférieur, a fortiori avec les efforts déjà prévus par les banques multilatérales de développement.

"Si rien de suffisamment fort n'est proposé à cette COP, nous vous invitons à quitter la table (des négociations) pour vous battre un autre jour, et nous mènerons le même combat", ont écrit dans la nuit 335 organisations à une alliance de 134 pays regroupant les pays en développement et la Chine, un groupe appelé G77+Chine. "Il vaut mieux ne pas avoir d'accord à Bakou qu'un mauvais accord".

Une stratégie qui va à l'encontre du message d'urgence porté par de nombreux pays en développement à Bakou, qui craignent que repousser à l'an prochain un accord. Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a insisté lors du G20 pour "ne pas repousser" à 2025 la tâche de cette COP.

Les pays en développement chiffrent leurs demandes entre 500 et 1.300 milliards de dollars annuels, pour les aider à sortir des énergies fossiles et à s'adapter au réchauffement climatique.

Quel nouveau chiffre proposera la présidence azerbaïdjanaise samedi?

Il faudrait monter à 390 milliards d'ici 2035, ont réagi des économistes mandatés par l'ONU, Amar Bhattacharya, Vera Songwe et Nicholas Stern.

Un chiffre également repris vendredi soir par le Brésil et sa ministre de l'Environnement, revenue du G20 à Rio de Janeiro.

"Auparavant, nous n'avions aucune base de discussion et de négociation. Aujourd'hui, nous disposons d'une base", a déclaré Marina Silva, confirmant que les vraies tractations commencent seulement.

- Austérité occidentale -

Mais les Européens sont sous pression budgétaire et politique.

L'Europe veut "assumer ses responsabilités, mais doit faire des promesses qu'elle peut tenir", a déclaré la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, présente à Bakou.

Le projet d'accord fixe séparément un objectif ambitieux de lever un total de 1.300 milliards de dollars par an d'ici 2035 pour les pays en développement; ce total inclurait la contribution des pays développés et d'autres sources de financement (multilatérale, privée, taxes, autres pays du Sud...).

La Chine semble pour l'instant avoir obtenu ce qu'elle souhaitait: elle ne veut aucune obligation financière. Pas question de renégocier la règle onusienne de 1992 qui stipule que la responsabilité de la finance climatique incombe aux pays développés.

Dont acte: le texte de vendredi "invite" seulement les pays en développement, dont la Chine fait officiellement partie, "à fournir des contributions additionnelles".

- Organisation azerbaïdjanaise -

Des négociateurs et des ONG critiquent la gestion de la conférence par les Azerbaïdjanais, qui n'avaient jamais organisé un tel événement mondial.

La COP s'est déroulée dans une atmosphère lourde. Le président Ilham Aliev a attaqué à la tribune la France, alliée de son ennemi l'Arménie, et les deux pays ont convoqué leurs ambassadeurs respectifs.

Deux parlementaires américains disent avoir été harcelés à Bakou. Pendant que plusieurs militants environnementaux azerbaïdjanais sont en détention.

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