Une éolienne à axe vertical et géométrie variable tourne à vitesse constante, sa voilure s'ouvrant lorsque le vent diminue. (©refuge de Sarenne)
Près de l’Alpe d’Huez (Isère), le refuge de Sarenne est uniquement alimenté à partir de sources d’énergies alternatives. Il fait encore figure d’exception dans le paysage montagnard.
Un chalet à énergie positive
Situé sur la commune de Clavans en Haut-Oisans, le chalet de bois et de pierre de Sarenne est le 1erbâtiment européen à énergie positive situé à plus de 2 000 m d’altitude. En dépit des conditions difficiles (près de 100 jours hors gel par an seulement et des amplitudes de température pouvant atteindre jusqu’à 40°C dans une journée), il est totalement autonome énergétiquement : le chalet n’est ni relié au réseau électrique, ni au réseau d’eau. Une chenillette diesel est la dernière concession actuellement faite à cette exigence d’autonomie.
Les besoins en électricité du chalet sont assurés par :
- une micro-centrale hydroélectrique Ecowatt de 6 kW, utilisant une chute d’eau de 90 m, avec une pico-turbine et une nano-turbine ;
- 25m2 de panneaux photovoltaïques Photowatt (2 kWc) alimentant des batteries ;
- une éolienne à axe verticale de 1,6 kW.
Des panneaux solaires thermiques fournissent près de 70% des besoins en eau chaude sanitaire et en chauffage du chalet. Ils bénéficient d’un ensoleillement de près de 300 jours par an. Une chaudière à gazéification, reliée à un moteur Stirling produisant de l’énergie par cogénération, permet de satisfaire la consommation énergétique du chalet en l’absence de soleil, de débit d’eau ou de vent. Du bois, des déchets triés ou encore du méthane issu du fumier des chevaux sont brûlés dans cette chaudière. Celle-ci stocke son énergie dans un hydro-accumulateur en acier(1), lui-même relié à des ballons d’eau chaude assurant notamment le chauffage au sol en cas de besoin.
Un laboratoire sobre en énergie
Resté inoccupé pendant 20 ans suite à un incendie, le chalet de Sarenne a été reconstruit en 2003. Fabrice André, ingénieur à l’origine du système énergétique du chalet, développe de modes de production durable d’énergie, faisant de ce lieu un modèle en termes d’autonomie énergétique. Il travaille en particulier sur un système de production énergétique à partir de « l’énergie libre » (ou énergie du vide)(2) qui pourrait, selon lui, alimenter des systèmes de faible puissance.
Notons que l'isolation du chalet a été particulièrement soignée afin de réduire en amont les besoins en énergie : LED généralisées, lave-linge à bulles d’air, couches successives d’isolation atteignant jusqu’à 60 cm en toiture (dont 100 mm en fibre de bois et déchets de bois du chantier), etc. Le refuge consomme désormais près de 12 kWh/m2/an (pour une surface habitable de 980 m2), soit près de 20 fois moins qu’un bâtiment des années 1950 construit à la même altitude à l’Alpe d’Huez.
Le chalet fonctionne ainsi comme un espace d’expérimentation et de témoignage auprès de personnes venues constater ses performances énergétiques. Il reste dans le même temps un refuge pouvant accueillir 18 personnes par nuit. Lors des vacances scolaires de cet été, une nuit en demi-pension comprenant le repas et le petit déjeuner coûtera 87 euros par personne.
Aujourd’hui, si de nombreux chalets s’équipent de panneaux solaires, ils se chauffent encore massivement avec des poêles au gaz. Un important refuge s’est toutefois également engagé dans le développement des énergies renouvelables : le refuge du Goûter, situé à 3 835 mètres et disposant d’une capacité d’accueil de 120 personnes. Ce nouveau refuge doit ouvrir fin août.
La chaudière à gazéification du refuge de Sarennes peut brûler le méthane issu du fumier des chevaux (©bernard vallet - refuge de Sarennes)