En France, les éoliennes ne peuvent être installées à moins de 500 m de zones habitables(1). (©photo)
Définition et traduction
Le sigle NIMBY vient de l'anglais « Not In My Backyard », en français « pas dans mon arrière-cour ». Il désigne l’attitude d’une personne ou d’un groupe de personnes qui refusent l’implantation dans leur environnement proche d’une infrastructure. Par extension, ces personnes sont qualifiées de manière péjorative de « NIMBY ».
Elles ne sont pas nécessairement hostiles à l’infrastructure en tant que telle mais n’acceptent pas que celle-ci puisse modifier leur environnement (désagréments d’ordre environnemental, social ou encore esthétique).
D’autres acronymes sont employés pour designer des attitudes plus tranchées encore que NIMBY : BANANA (Build Absolutely Nothing Anywhere Near Anyplace(2)) ou NOPE (Not on Planet Earth(3)).
Raisons
Toutes les sources d’énergie sont susceptibles de rencontrer au niveau local des réactions de type NIMBY. Ces dernières se cristallisent sur des craintes diverses : « mitage du paysage », pollution sonore, dangerosité supposée, etc.
Pour modérer les oppositions locales, une indemnisation des riverains est parfois prévue, comme lors de la pose de lignes haute tension pour « préjudice visuel ».
Quelle perception des énergies renouvelables ont les Français ?
Les Français sont de plus en plus favorables au développement des énergies renouvelables mais leur regard sur ces filières est dans le même temps « de plus en plus critique » selon la 6e enquête « Les Français et l’environnement »(1) publiée en février 2020 par l’Ademe. : « c’est l’énergie solaire que les Français souhaitent voir développer en priorité, davantage que toutes les autres ».
Le solaire, énergie renouvelable la plus connue et la mieux perçue
Le soutien aux énergies renouvelables « s’intensifie » en France, affirme l’Ademe qui promeut le déploiement de ces filières : près de 94% des Français seraient « tout à fait » ou « plutôt » favorables(4) à leur développement(5).
Lorsqu’il est demandé aux Français de citer les énergies renouvelables qu’ils connaissent (question ouverte), les répondants mentionnent « comme toujours » spontanément l’énergie éolienne (dans 55% des cas) ou l’énergie solaire (51%). L’hydroélectricité, principale filière renouvelable productrice d’électricité, n’est en revanche citée spontanément que par 24% des répondants(6).
L’énergie solaire (sans distinction entre photovoltaïque et thermique) est « perçue comme l’énergie recensant le plus de qualités » (toutes énergies confondues) selon l’enquête de l’Ademe(7) : elle est notamment désignée par les Français comme l’énergie « qui assure le plus d’indépendance énergétique » (33% des réponses), « la moins dangereuse » (32%) ou encore « la moins polluante » (32%). C’est l’énergie nucléaire qui est en revanche considérée comme « la plus performante » (29% des réponses), indique l’Ademe (voir infographie ci-après).
Les personnes interrogées continuent ainsi à citer le solaire comme « l’énergie à développer en priorité » (loin devant la géothermie, l’éolien et l’énergie des mers). L’Ademe nuance toutefois légèrement ce constat radieux pour l’énergie solaire, en mentionnant « une tendance des Français à moins l’identifier comme la meilleure sur de nombreuses dimensions (par rapport aux précédentes enquêtes annuelles), notamment le fait d’être l’énergie de l’avenir ou d’être l’énergie la moins coûteuse ».
Des avantages soulignés mais aussi une « défiance » croissante
Au sujet des qualités des énergies mentionnées dans l'enquête annuelle de l'Ademe, l’énergie solaire « domine sans partage : les scores aux différents qualificatifs sont nettement supérieurs à ceux obtenus par les autres énergies, à l’exception de l’idée de performance encore fortement associée à l’énergie nucléaire ».(©Connaissance des Énergies, d'après Ademe)
Interrogés sur les avantages que procurent les énergies renouvelables, les Français répondent, pour 64% d’entre eux, qu’elles « permettent de lutter contre le réchauffement climatique » et pour 59% qu’elles « évitent la pollution de l’air, des sols et de l’eau ». Près de 56% des Français sont par ailleurs rassurés par leur caractère « inépuisable » dans le temps, contrairement aux ressources fossiles.
Les Français soulignent toutefois également davantage les inconvénients des énergies renouvelables : la moitié des répondants à l’enquête estiment que « l’investissement est trop élevé » et 47% déplorent que « certaines ne permettent pas une énergie disponible en permanence, car elles sont intermittentes ». Près d’un tiers des Français jugent par ailleurs qu’elles ne sont « pas vraiment écologiques » (en raison des matériaux utilisés pour leur fabrication) ou qu’elles « ont des impacts négatifs sur les paysages et sur la biodiversité ».
Selon l’Ademe, ce regard plus critique « donne à voir la progression du scepticisme des Français vis-à-vis de la « propreté » des installations de production d’ENR et leur prise en compte plus marquée de ce que l’on appelle l’énergie grise : l’énergie consommée lors du cycle de vie d’un produit ». L’Agence estime également que les débats autour de l’installation de nouvelles éoliennes et au sujet des terres rares utilisées pour fabriquer des panneaux solaires et des éoliennes ont « sans doute participé à la montée en puissance de cette défiance ».
Le syndrome Nimby reste en particulier sensible dans le cadre de projets éoliens et de méthanisation (contrairement aux installations solaires qui « font exception » et sont « toujours globalement soutenues »). Seules 45% des personnes interrogées répondent notamment qu’elles accepteraient « qu’un parc de 5 à 10 éoliennes soit installé à moins d’un kilomètre de chez elles (sachant que la règlementation interdit qu’il soit à moins de 500 mètres des habitations) »(9). Celles refusant évoquent le bruit comme principale raison (et les odeurs dans le cas d’installations de méthaniseurs).
Une appétence à l’investissement dans les énergies renouvelables
Pour « passer d’une énergie classique à une énergie renouvelable », près de 32% des Français ne seraient pas disposés à « payer plus cher » selon l’enquête de l’Ademe tandis que 22% des répondants indiquent être prêts à accepter une augmentation de leur facture supérieure à 10% (principalement les catégories socio-professionnelles les plus élevées et les jeunes)(10).
De plus en plus de Français se disent par ailleurs « prêts à participer personnellement au financement (d’installations renouvelables au niveau local) en y plaçant une partie de leur argent ». Les campagnes de financement participatif sont toutefois encore très mal connues : « seuls 8% des Français savent qu’il existe des projets de ce type dans leur région ». Là encore, c’est « principalement vers le solaire que les Français se tournent lorsqu’ils envisagent d’investir » dans les filières renouvelables, précise l’Ademe(11).
Précisons enfin que le désir de tendre vers l’autonomie énergétique « ne cesse de progresser » chez les Français selon l’Ademe : « 68% seraient intéressés par l’autoproduction d’électricité photovoltaïque même si cela devait coûter plus cher ».
Évolution anthropologique
Terminologie employée dès les années 1980 aux États-Unis, le syndrome NIMBY illustre l’affirmation croissante de droits individuels et des collectivités locales face à l’État : l’individu souhaite profiter des avancées technologies qui bénéficient à la collectivité, mais refuse que l’intérêt général nuise à une partie de son bien-être.
Le syndrome NIMBY est parfois assimilé à une forme d’égoïsme ou d’hypocondrie.