TotalEnergies améliore encore ses bénéfices au 1er trimestre, malgré l'essoufflement des cours du gaz

  • AFP
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TotalEnergies a encore amélioré son bénéfice au premier trimestre, en hausse de 3% à 5,7 milliards de dollars, profitant de prix du pétrole toujours "soutenus", même si l'essoufflement des cours du gaz commence à peser sur ses résultats.

La compagnie, qui fête ses 100 ans cette année, "démontre une nouvelle fois ce trimestre la pertinence de sa stratégie de transition équilibrée ancrée sur deux piliers, les hydrocarbures et l'électricité", s'est félicité le PDG Patrick Pouyanné.

Au moment de publier ses résultats, la 4e major pétro-gazière mondiale a surtout surpris en évoquant une réflexion pour déplacer sa cotation principale à la Bourse de New York, au lieu de Paris aujourd'hui, un sujet sensible.

"C'est une question légitime", a affirmé le PDG, interrogé par Bloomberg, en évoquant notamment la montée en puissance de l'actionnariat nord américain et la supposée frilosité des investisseurs européens sur sa stratégie, du fait de la persistance de ses activités fossiles.

En attendant les publications de ses pairs britanniques BP et Shell début mai, les résultats de TotalEnergies s'inscrivent dans un "environnement marqué par des prix du pétrole et des marges de raffinage soutenus, mais des prix du gaz en retrait", a commenté Patrick Pouyanné.

En conséquence, il affiche un Ebitda ajusté - indicateur de rentabilité - en franche baisse de 19% par rapport au 1er trimestre 2023, à 11,5 milliards de dollars.

"La normalisation des bénéfices et des flux de trésorerie à la suite du conflit entre l'Ukraine et la Russie progresse", observe Jakub Zasada, directeur ressources naturelles et matières premières chez Fitch Ratings.

Baisse des ventes de GNL

TotalEnergies a empoché en 2023 un bénéfice record de 21,4 milliards de dollars, le meilleur de son histoire, après les 20,5 milliards engrangés en 2022.

Cette année-là, le groupe avait surfé sur l'envolée des cours du gaz et du pétrole dans le sillage de la guerre en Ukraine, qui avait ravivé les appels à taxer davantage les "superprofits" et à arrêter l'exploitation d'hydrocarbures dont les émissions réchauffent les températures de la planète

Depuis, les cours se sont nettement assagis, mais ils restent soutenus pour le pétrole en raison des troubles géopolitiques en mer Rouge et de la guerre au Proche-Orient. Le baril de Brent pour livraison en juin a terminé jeudi à 89,01 dollars. Quant aux cours du gaz, ils oscillent au-dessus de 30 EUR/MWh en Europe, près de dix fois moins que le pic atteint en août 2022.

Trois ans après avoir annoncé son virage stratégique pour devenir un groupe "multi-énergies", TotalEnergies réalise encore l'essentiel de ses revenus dans le pétrole et le gaz.

Sur la période de janvier à mars, le groupe a augmenté sa production d'hydrocarbures d'1,5% sur un an, notamment grâce à la montée en puissance de projets pétroliers au Brésil, et de gaz à Oman et en Azerbaïdjan, pays-hôte de la conférence climatique de la COP29 en novembre prochain.

Sa production d'hydrocarbures pour le gaz liquéfié a elle augmenté de 6% sur un an, portée par des projets au Qatar et au Nigeria. Mais dans le même temps, le groupe a vu ses ventes de GNL s'éroder de 9% sur le trimestre, sur fond de baisse de la demande.

Critiqué par les militants du climat et certains politiques, le groupe maintient qu'il consacrera en 2024 17-18 milliards de dollars à ses investissements, dont 5 milliards dédiés aux "énergies bas carbone", dans lesquelles il range la production d'électricité d'origine renouvelable (dont solaire, éolienne), en forte hausse de 56% au 1er trimestre mais aussi celle d'électricité à partir de gaz, ce qui émet du CO2.

Le PDG Patrick Pouyanné, devrait revenir longuement lundi sur sa stratégie lors de son audition devant la commission de sénateurs qui planchent sur la cohérence des activités du groupe avec les "obligations climatiques de la France".

Un rendez-vous très scruté avant une échéance phare, l'assemblée générale du 24 mai. Les actionnaires devront approuver la reconduction de M. Pouyanné, 60 ans, pour un quatrième mandat de trois ans, soutenu par le conseil d'administration.

Ce dernier a refusé vendredi d'inscrire une résolution d'actionnaires proposant de séparer ses fonctions de directeur général et de président du conseil d'administration.

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